Ce jeudi soir, plus de 300 personnes sans-abri ont installé leurs tentes sur une partie de la place de l’Hôtel de ville (4ème arrondissement). Après plusieurs actions similaires ces derniers mois, cette occupation de l’espace public organisée par l’association Utopia 56 vise à “demander à l’État des solutions d’hébergement dignes et pérennes”.
D’après les équipes d’Utopia 56, qui “appellent d’urgence à l’aide”, ce campement rassemble notamment “des femmes seules, des personnes en familles, dont des dizaines d’enfants, et des jeunes en recours de minorité sans domicile”. Beaucoup sont des demandeurs d’asile, certains demeurant à la rue depuis des mois malgré l’obtention de titres de séjour. Sur le parvis de l’Hôtel de ville, ce vendredi, cette nouvelle initiative pour le droit au logement se distingue en effet par sa grande mixité et la présence d’un nombre important de jeunes enfants.
“Depuis deux semaines, notre réseau d’hébergement solidaire est saturé. Chaque jour, nous distribuons des tentes à des dizaines de familles à la rue qui dorment sous les ponts à la périphérie de Paris”, explique l’association dans un communiqué. Au-delà de ses observations regrettant un hébergement d’urgence du 115 débordé, elle dénonce “un refus d’ouverture par l’État de structures de premier accueil inconditionnel des demandeur·ses d’asile en Île-de-France. Une situation en opposition à la loi, imposant le passage à la rue pour toutes personnes arrivant sur le territoire d’Île-de-France, soit plus de 40 000 personnes par an”.
Pour Maël De Marcelus, coordinateur Utopia 56 Paris, “cette politique de non-accueil envers les personnes exilées est un choix. Tout est construit pour décourager ces personnes, aux dépens des valeurs européennes, de leur intégration, et des droits humains”. L’association évoque également “l’intimidation des pouvoirs publics envers les acteurs de la solidarité : mardi 22 juin, la police a nassé les familles et bénévoles lors de notre opération quotidienne et citoyenne de mise à l’abri”.
Pour les familles et des autres occupants des 250 tentes, un acheminement vers un hébergement temporaire a finalement débuté ce vendredi aux alentours de 17h. D’après Ian Brossat, adjoint au logement de la maire de Paris, deux gymnases ont été mobilisés.
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Ces derniers mois, les associations réunies au sein du collectif Réquisitions (Utopia 56, Droit au Logement, Solidarité Migrants Wilson) ont réussi grâce à leurs actions à accélérer la mise à l’abri de près de 1 500 personnes à la rue : plus de 500 après l’occupation du jardin Villemin (10ème arrondissement) au début du mois, 350 en mai au gymnase Japy, (11ème arrondissement), et des centaines d’autres place de la République et, déjà, devant l’Hôtel de ville.
Soulignant la proportion très élevée d’appartements et de locaux vacants dans la capitale comme dans le reste du pays, le collectif évoque plus largement l’urgente nécessité d’un « droit à un logement décent, stable et abordable ». À Paris, d’après les chiffres de l’Atelier parisien d’urbanisme, seuls 80% des logements sont « occupés toute l’année par des ménages dont c’est la résidence principale ». En effet, 9% sont des résidences secondaires, et 11% sont considérés comme vacants. Selon d’autres données, celles de l’Insee, la capitale compte aujourd’hui près de 117 000 logements vides (autour de 400 000 en Île-de-France). Par comparaison, 2 785 personnes à la rue ont été recensées lors de la Nuit de la Solidarité parisienne de mars 2021.
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Photographie : Place de l’Hôtel de ville – vendredi 25 juin 2021.
© Paris Lights Up
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5 thoughts on “Un nouveau campement au cœur de Paris pour alerter sur le sort de 300 femmes, hommes, et enfants à la rue”