Mémoires de la Commune de 1871 dans l’est parisien

Il y a un siècle et demi, l’esprit révolutionnaire parisien illuminait une nouvelle fois la marche de l’histoire pendant les 72 jours de la Commune. Exténué par le siège de la ville et les trahisons du gouvernement officiel, le peuple de la capitale se soulève pour imaginer une République plus juste et plus égalitaire. Des femmes et des hommes venus d’horizons divers participent activement à cette expérience insurrectionnelle alors porteuse de grands espoirs.

Nous vous proposons d’en apprendre un peu plus sur ces deux mois qui ont marqué l’histoire, en se concentrant sur les conséquences de la révolution du « Temps des cerises » à travers les quartiers de l’est parisien.

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À partir du 18 mars 1871, date qui marque le début du soulèvement et la retraite du chef de l’exécutif Adolphe Thiers à Versailles, les Parisiens érigent des centaines de barricades à travers la ville. Nombre d’entre elles sont alors immortalisées par des photographies qui sont autant de portraits de gardes nationaux et autres partisans de la Commune ; on y reconnaît encore certains bâtiments. Après l’expérience de la révolte de juin 1848, dont se réclament d’ailleurs les insurgés, les quartiers de l’est parisien sont une nouvelle fois au cœur de la lutte. Dans le 20ème arrondissement, on dénombre plus de cent barricades entre les prémices de l’insurrection et la Semaine sanglante, qui mettra tragiquement fin à l’expérience communaliste entre le 21 et le 28 mai 1871.

Les derniers combats de la guerre civile se déroulent dans les quartiers de l’est de la capitale : la Villette, les Buttes-Chaumont, les environs de Bastille et de la place du Château d’Eau (aujourd’hui République), le cimetière du Père Lachaise, avant de se terminer dans les faubourgs de Belleville. Cela s’explique pour plusieurs raisons, d’abord géographiques : c’est depuis la porte de Saint-Cloud, à l’opposé de la ville, que les Versaillais entrent dans Paris le 21 mai. Après cette première intrusion, les partisans de la Commune tenteront de défendre un à un les quartiers de la capitale pour les empêcher de tomber aux mains de l’ennemi, se repliant sans cesse vers de nouvelles barricades lorsque leurs positions deviennent intenables.

En raison de leur démographie et de la part importante d’ouvriers, d’employés et de petits commerçants dans leur population, les grands arrondissements de l’est parisien sont également mieux pourvus en effectifs de la Garde nationale — les unités militaires désormais révoltées qui représentent les citoyens. Les révolutionnaires y bénéficient aussi d’un réel soutien des Parisiennes et Parisiens : la Commune y est de toute évidence plus populaire que dans les beaux quartiers, les résidents les plus bourgeois ayant par ailleurs pour beaucoup déserté la ville. Lors des élections organisées le 26 mars, près de 60% des inscrits expriment leurs voix dans les 11ème et 20ème arrondissements, contre moins du quart dans les 7ème et 8ème arrondissements.

Une grande partie des troupes fédérées réside ainsi dans l’est de la capitale : les combattantes et les combattants y ont leurs familles, leurs attaches, leurs habitudes. Après un siège déjà terrible qui affame depuis septembre la population parisienne, la solidarité populaire continue de s’exprimer pleinement à l’heure de la Commune. Au cours de la terrible Semaine sanglante, plusieurs figures de la révolution seront d’ailleurs secourues puis cachées par des connaissances ou des voisins, leur permettant ainsi d’échapper à la mort ou à l’exil vers la Nouvelle-Calédonie.

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Autour de l’Hôtel de ville et du Marais

Hôtel de ville proclamation de la Commune de 1871 dessin de Lamy Le Monde illustré - Copie
La Commune est proclamée, place de l’Hôtel de ville – 28 mars 1871 © Lamy – Le Monde illustré

Le 18 mars, après l’échec des tentatives de Thiers visant à subtiliser aux Parisiens les canons de Montmartre et des Buttes-Chaumont, la troupe fraternise avec le peuple des quartiers populaires qu’on lui avait pourtant demandé de réprimer. C’est le début du soulèvement. Gardes nationaux bellevillois et montmartrois joignent ensuite leurs forces pour rejoindre l’Hôtel de ville. À la nuit tombée, le drapeau rouge flotte sur le bâtiment conquis sans la moindre effusion de violence.

Deux jours après les élections du « Conseil communal de Paris », la Commune est proclamée « au nom du peuple » le 28 mars. Parisiennes et Parisiens se réunissent par milliers autour de l’Hôtel de ville pour entendre Gabriel Ranvier, nouvel élu du 20ème arrondissement, « glorifier le peuple de Paris pour le grand exemple qu’il vient de donner au monde ». Les partisans de la Commune reprennent alors en chœur la Marseillaise.

Non loin de là, dans le Marais, les révolutionnaires ont investi l’Imprimerie nationale. Le contrôle de l’institution alors installée à l’Hôtel de Rohan leur permettra de s’adresser régulièrement au peuple parisien en publiant des affiches sur les murs de la ville. Tout proche, le musée Carnavalet présente aujourd’hui de nombreuses œuvres et archives liées à l’histoire des révolutions parisiennes : les visiteurs y trouveront ainsi des témoignages du soulèvement de 1871. Une autre trace de la Commune subsisterait dans le quartier, cette fois-ci sur un pilier de la nef de l’église Saint-Paul Saint-Louis : toujours clairement visibles, les mots « République Française ou la mort » auraient été inscrits par un insurgé au crépuscule du soulèvement.

Au cours de la semaine sanglante, cernés au sud et à l’ouest, les partisans de la Commune doivent abandonner l’Hôtel de ville dans la matinée du mercredi 24 mai. Son incendie, décidé par l’élu du 3ème arrondissement Jean-Louis Pindy devant la progression des Versaillais, marquera les mémoires parisiennes. L’édifice sera reconstruit entre 1874 et 1882.

La barricade de la tour Saint-Jacques, qui contrôle notamment l’accès à la rue de Rivoli, est la dernière à tomber dans le centre de Paris. Le square qui l’entoure sera la scène d’interminables exécutions de la part des Versaillais : les corps de nombreux Fédérés y sont d’abord enterrés à la hâte, avant d’être inhumés dans divers cimetières parisiens. De l’autre côté de l’Hôtel de ville, à la caserne Lobau, les troupes de Thiers mitraillent également à la chaîne. À l’occasion des 140ème commémorations de la Commune, une plaque dédiée à ces nombreuses victimes est apposée sur les murs de la caserne :

« Une cour martiale destinée à juger rapidement les Communards ou suspects de l’être fut réunie du 24 au 29 mai 1871 au Théâtre du Châtelet. Les condamnés à mort étaient dirigés vers la caserne Lobau. Aussitôt arrivés, ils étaient fusillés dans ces lieux de façon sommaire. Les exécutions durèrent sans discontinuer cinq jours. Les estimations du nombre de fusillés vont de 2 000 à 3 000 personnes. Les cadavres étaient rapidement enterrés dans les squares avoisinants fermés au public. » Cette plaque cite également « L’année terrible » de Victor Hugo : « Un bruit lugubre emplit la caserne Lobau : c’est le tonnerre ouvrant et fermant le tombeau ».

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Autour de la place du Château d’Eau  (République)

Nathalie Lemel et Élisabeth Dmitrieff
Élisabeth Dmitrieff et Nathalie Lemel © Auteurs inconnus

La caserne située au nord de la place du Château d’Eau (aujourd’hui Place de la République) est l’un des premiers sites stratégiques à passer sous le contrôle des partisans de la Commune. Au cœur de l’est de la capitale, ce carrefour majeur tout juste repensé par Haussmann est alors bien connu des figures révolutionnaires parisiennes. Pendant le siège de la ville, le Comité central de la Garde nationale est formé non loin de là lors de deux réunions au Cirque d’hiver et à la salle de spectacle du Tivoli-Vauxhall. Situé au niveau des numéro 12 à 16 de la rue de la Douane (désormais rue Léon Jouhaux), cet établissement avait accueilli trois ans plus tôt des réunions féministes animées par Louise Michel ou Maria Deraismes.

Entre 1868 et 1871, les sections locales de la Première internationale ont aussi leur siège à deux pas de la place au 14 rue de la Corderie, occupant le troisième étage d’un immeuble sans grand confort. Au nom du « Comité central républicain de défense des vingt arrondissements de Paris », Émile Leverdays, Gustave Tridon, Édouard Vaillant, et Jules Vallès y conçoivent la rédaction de l’affiche rouge placardée sur les murs de Paris le 7 janvier 1871, réquisitoire contre l’action du gouvernement théoriquement chargé de la défense nationale. Son texte se conclut déjà sur cet appel : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » La rue de la Corderie fera ensuite office de siège au Comité central de la Garde nationale jusqu’au 16 mars.

Ce passage dans le quartier du Haut-Marais est également l’occasion de signaler deux petites places qui rendent aujourd’hui hommage à Nathalie Lemel et Élisabeth Dmitrieff, figures majeures de la Commune. Femmes libres à la fois militantes, meneuses et combattantes, elles sont à l’origine de la création le 11 avril de l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, l’une des premières organisations féministes de l’histoire. Elle siège dans l’ancienne mairie du 10ème arrondissementune plaque installée en 2012 évoque ses appels « pour que les femmes s’organisent dans les quartiers et les ateliers et défendent la République et la justice sociale ».

Arrivée à Paris le 28 mars en tant que représentante du Conseil général de l’Internationale à vingt ans seulement, Élisabeth Dmitrieff sera particulièrement active sur les barricades de la Semaine sanglante. Des témoignages évoquent sa participation aux combats, parfois à la tête d’un groupe de femmes armées, à Montmartre, au faubourg Saint-Antoine, ou encore à la mairie du Xème. Nathalie Lemel combat elle aussi sur les barricades de Pigalle : déportée en Nouvelle-Calédonie après le soulèvement, elle partagera la même cabane que Louise Michel au bagne où elles seront envoyées en 1873. Au total, près de 7 500 insurgés seront contraints à un tel exil.

En seulement deux mois, la Commune propose des avancées politiques et sociales jusque là impensables pour les Parisiennes. Au-delà de la forte implication des femmes républicaines et révolutionnaires dans la vie de la cité, les nouveaux élus décideront ainsi de l’éducation laïque et gratuite pour filles comme garçons,  du versement de pensions pour les veuves de Fédérés mariées ou non, et même des prémices du divorce, accordant aux femmes souhaitant se séparer une pension alimentaire en vue de gagner leur indépendance. Peu avant de s’éteindre, la Commune votera aussi l’égalité des salaires entre les institutrices et les instituteurs. Figure emblématique du soulèvement et du combat féministe, Louise Michel a d’ailleurs occupé son premier poste d’enseignante au 14 de la rue du Château d’Eau après son arrivée à Paris en 1856.

Plusieurs témoignages s’accordent sur la présence de femmes combattantes autour des barricades de la place du Château d’Eau dans les derniers jours de la Semaine sanglante. Âprement disputée aux troupes versaillaises, la place est la scène d’un épisode particulièrement marquant de la Commune : la mort de Charles Delescluze, son délégué civil à la Guerre, qui s’était déjà illustré lors des révolutions de 1830 et 1848 et a passé une bonne partie de sa vie dans les geôles impériales. Refusant un nouvel emprisonnement ou un nouvel exil, épuisé et entouré des corps de ses camarades morts ou blessés, il se rend seul au sommet de la barricade du boulevard Voltaire pour s’y éteindre sous le feu ennemi. Après une lutte acharnée et de nouveaux combats aux alentours de la rue Amelot et du boulevard Richard-Lenoir, la place est sur le point de tomber aux mains des Versaillais dans la même soirée du 25 mai. Tandis que des poches de résistance insurgées subsistent autour du boulevard Voltaire, la mairie du 11ème est évacuée.

Trois jours plus tard, la barricade située rue de la Fontaine-au-Roi aurait été l’une des dernières défenses encore debout aux dernières heures de la Commune. Une plaque posée le 28 mai 1991 au  numéro 17 de cette voie rend notamment hommage à la résistance de « ses chefs », parmi lesquels Eugène Varlin et Jean-Baptiste Clément, qui s’inspirera de la révolution pour écrire « La Semaine sanglante ».

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Autour de Bastille et la Roquette

Barricade de l'entrée du Faubourg Saint-Antoine, place de la Bastille, 18 mars 1871 - Copie
Barricade de l’entrée du Faubourg Saint-Antoine, place de la Bastille – 18 mars 1871 © Anonyme – Musée Carnavalet

Le 11ème arrondissement est stratégique à plusieurs titres pour les partisans de la Commune. Bastion historique des révolutions parisiennes, avec en particulier son Faubourg Saint-Antoine, ce quartier populaire accueille désormais le siège du Comité central de la Garde nationale, bras armé de la révolte, qui était vraisemblablement situé rue Saint-Bernard. Dès le 16 mars, grâce à son action et à la vigilance des Parisiennes et des Parisiens, les forces de Thiers échouent une première fois à reprendre les canons de la place des Vosges qui y avaient été portés deux semaines plus tôt. Comme ceux de Montmartre et de Belleville (on en compte près de 400 à travers la capitale), ces armes avaient été fabriquées pendant le siège de la ville grâce à une souscription publique des habitants, qui s’estiment dès lors trahis par le gouvernement.

Les citoyennes et citoyens de Paris participent en nombre aux réunions publiques organisées dans le quartier au temps de la Commune. On peut évoquer le « Club des prolétaires » qui réunit des centaines de participants à l’église Saint-Ambroise à partir du 7 mai. La séparation de l’église et de l’État a été votée le 2 avril, et de nombreux lieux de culte parisiens accueillent désormais malgré eux des clubs révolutionnaires. Si certains d’entre eux seront dégradés au cours de leur occupation et des combats de mai, il est à noter qu’une seule église sera détruite en 1871 : il s’agit de Notre-Dame de Bercy, incendiée dans les derniers jours de la Semaine sanglante.

Au nord de l’arrondissement, plusieurs événements majeurs se déroulent aux prisons de la Grande et de la Petite Roquette. Respectivement fermées en 1899 et 1974, elles ont depuis été remplacées par des habitations et le square du même nom. Le 6 avril, des révoltés y trouvent une guillotine qu’ils brûlent symboliquement sur la place Voltaire (aujourd’hui place Léon Blum). Sa lame aurait servi à exécuter Felice Orsini, révolutionnaire italien auteur d’un attentat contre l’empereur Napoléon III en 1858. « Le peuple a brûlé cet instrument de supplice, et l’on ose l’accuser d’être sanguinaire ! », clâme alors le Cri du Peuple de Jules Vallès, l’un des journaux les plus lus pendant le soulèvement.

En réponse aux exactions commises par l’armée versaillaise depuis son entrée dans Paris, les prisons de la Roquette sont par deux fois le site de représailles décidées dans les derniers jours de la Semaine sanglante. L’archevêque de Paris Georges Darboy y est fusillé le 24 mai avec cinq autres otages de la Commune. Le 26 mai, un groupe de 52 otages (ecclésiastiques, gendarmes et informateurs versaillais) est conduit jusqu’à la rue Haxo. Ils y seront exécutés par une foule d’insurgés en colère ; voir la section dédiée pour plus de détails.

Suite à l’incendie de l’Hôtel de ville du 24 mai, les responsables rescapés de la délégation à la Guerre de la Commune se réunissent à la mairie du 11ème arrondissement. Non loin de là, les combats vont rapidement faire rage à la place du Château d’Eau, aux alentours de la place du Trône (actuelle place de la Nation), et dans les environs de Bastille. Après la défense héroïque du quartier de la Butte-aux-Cailles (13ème arrondissement), le général Walery Wroblewski et un millier de Fédérés arrivent en renfort par le pont d’Austerlitz.

Avec leurs nombreuses barricades, autant d’échos à celles des révolutions passées, les quartiers du Faubourg Saint-Antoine et de Reuilly résistent pendant des heures aux assauts versaillais. On y retrouve notamment la républicaine Victorine Rouchy-Brocher, qui survivra à la Semaine sanglante, et parviendra à regagner la Suisse avant d’écrire un livre sur son expérience. Alors que la mairie du 11ème est évacuée le 25 au soir, des combats se déroulent encore dans ses environs toute la journée du lendemain, avant une ultime retraite des insurgés vers les hauteurs de la rue Haxo et les pentes de Belleville.

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Autour de la Villette

François-Nicolas CHIFFART Incendies des docks de la Villette Le Monde Illustré 17 juin 1871 - Copie
Incendie des docks de la Villette © Chifflart – Le Monde illustré

Quatre ans seulement après l’ouverture de ses célèbres abattoirs, le quartier ouvrier de la Villette prend les armes pour la Commune et se couvre à son tour de barricades dès le 18 mars. L’une d’entre elles protège l’ancien siège du journal républicain La Marseillaise, qui avait emménagé au 51 rue de Flandre (aujourd’hui avenue de Flandre) en 1869. Le bâtiment dispose également d’une salle des fêtes où se réunit un club républicain : la Garde nationale y conserve alors une trentaine de canons récupérés au mois de février pour les soustraire à l’accord entre Versailles et les Prussiens. Comme à Montmartre ou à Belleville, les tentatives du gouvernement officiel pour les récupérer vont échouer.

Dans la grande tradition des révolutions françaises, des réunions publiques se tiennent à partir du 27 avril dans l’église Saint-Christophe, en bordure du bassin de la Villette. Le « club Christophe » rassemblera les citoyennes et les citoyens du 19ème arrondissement plusieurs fois par semaine jusqu’à la Semaine sanglante. Des combats se seraient alors déroulés au sein même de l’église.

Après la chute des Batignolles et de Montmartre, les Versaillais sont maîtres des gares du Nord et de l’Est le 24 mai. Ils se tournent ensuite rapidement vers l’ancien village de la Villette, dernier obstacle avant de rejoindre les hauteurs des Buttes-Chaumont et de Belleville où affluent déjà les révolutionnaires chassés des autres quartiers de la ville. Le canal offre une défense naturelle aux partisans de l’insurrection, soutenus en amont par les batteries d’artillerie positionnées dans le grand parc flambant neuf de l’est parisien. Gabriel Ranvier, élu du 20ème qui avait proclamé la Commune le 28 mars, organise la défense des bataillons survivants tout en cherchant des renforts pour couvrir ce vaste périmètre.

La Rotonde qui subsiste aujourd’hui encore est alors utilisée comme poste défensif par les Fédérés : elle est entourée de barricades, tout comme les alentours du pont de Crimée et la rue d’Allemagne (aujourd’hui avenue Jean Jaurès). Les défenseurs de la Villette tiendront pendant deux jours la ligne du canal, qu’ils sont forcés d’abandonner le 26 mai après la chute des barricades de la rue de Flandre et de la rue de Crimée.

Les abattoirs généraux qui se tiennent alors à l’emplacement du parc de la Villette tombent également aux mains des Versaillais. Le même jour, un autre événement semble particulièrement marquer le souvenir des contemporains du soulèvement : l’immense incendie des docks du bassin de la Villette, qui teinte le ciel de Paris d’éclats surnaturels.

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Autour du Père Lachaise

Père Lachaise Commune de Paris 1871 Vierge Robida Le Monde Illustré - Copie
Combats au Père Lachaise – 27 mai 1871 © Dessin de D. Vierge, d’après un croquis de Robida – Le Monde illustré

Celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Commune de Paris connaissent bien entendu le Mur des Fédérés du Père Lachaise, lieu de mémoire où se réunissent à la fin de chaque mois de mai les progressistes de tous les courants pour rendre hommage aux morts et aux espoirs de 1871.

Alors que les rescapés de la Commune se dirigent vers Belleville et la rue Haxo depuis les 11ème et 12ème arrondissements, les quartiers de Charonne et de la Place du Trône (Nation) ne sont plus en mesure de résister aux attaques versaillaises. De nombreux insurgés investissent alors le cimetière du Père Lachaise, qui a l’avantage d’offrir un panorama dégagé aux artilleurs. Deux batteries de canons ont déjà été installées sur les promontoires au nord-ouest du cimetière, près des tombes du duc de Morny et du consul Félix de Beaujour. Véritable pyramide funéraire, la dernière demeure du diplomate est la plus haute sépulture du cimetière. Des témoignages évoquent le repos que prirent certains révolutionnaires sous son refuge avant les dernières heures de lutte.

Investi aux alentours de 4 heures du matin le samedi 27 mai, le Père Lachaise résiste plusieurs heures aux assauts versaillais. Les troupes de Thiers parviennent à trouer des passages dans le mur d’enceinte du cimetière, en particulier depuis la rue des Rondeaux. Encerclés par l’ennemi, désormais forcés de combattre au corps à corps, 147 insurgés finissent par se rendre. Ils seront malgré tout fusillés puis ensevelis devant l’actuel Mur des Fédérés, accompagnés de nombreuses autres victimes exécutées dans les quartiers environnants. En 1904, une plaque est fixée au centre du mur, situé au sud-est du cimetière. Elle porte la mention suivante : « Aux morts de la Commune, 21-28 mai 1871 ». Des œillets rouges fleurissent chaque printemps son pourtour.

L’association des Amies et Amis de la Commune de Paris, qui veille à entretenir la mémoire de la révolution et de ses partisans, rappelle que la montée annuelle au Mur « est devenue un parcours obligé du mouvement ouvrier. Rassemblant quelques centaines de participants au début des années 1880, la manifestation au Mur s’est faite massive par la suite : 10 000 en 1908, 30 000 en 1911, 150 000 en 1913. En 1936, ce sont 600 000 manifestants qui témoignent de ce que la Commune continue de vivre dans l’élan du Front populaire. » Cette « montée au Mur » rassemble encore chaque année toutes celles et ceux qui, comme les révoltés de la Commune, espèrent encore que « les mauvais jours finiront ».

Le cimetière du Père Lachaise abrite également les tombeaux de nombreuses figures de la révolution de 1871 : on citera ainsi le syndicaliste Charles Amouroux, les chansonniers Jean-Baptiste Clément et Eugène Pottier, le délégué à la guerre Charles Delescluze, les socialistes Leo Fränkel, Charles Longuet, Benoît Malon et Eugène Varlin, le journaliste Jules Vallès, ou encore le général insurgé Walery Wroblewski.

Les Versaillais ont également enseveli des centaines de cadavres aux alentours du cimetière et des réservoirs de Charonne, situés non loin de là : c’est dire l’ampleur de la tragédie que connaissent alors les habitants du quartier. Une plaque rend hommage à ces nouvelles victimes sur le mur du petit cimetière : « Ici en 1897 furent réinhumés sans épitaphe de nombreux Fédérés fusillés sommairement en 1871 et enterrés à la hâte avec leurs uniformes dans des fosses communes du cimetière alors situées à l’emplacement des actuels réservoirs ».

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Autour des Buttes-Chaumont

Buttes Chaumont Commune de Paris 1871 - Copie
Parc d’artillerie des Buttes-Chaumont – 18 mars 1871 © Anonyme – Musée Carnavalet

Inauguré quelques années seulement avant l’insurrection, le parc des Buttes-Chaumont a été le témoin de la combativité des partisans de la Commune, mais aussi du terrible sort réservé aux vaincus. Si l’étincelle de l’épisode des canons de Montmartre est souvent citée pour expliquer le début du soulèvement le 18 mars, un événement similaire se déroule au même moment sur les hauteurs du 19ème arrondissement, où les Fédérés ont installé une cinquantaine de canons. Les hommes envoyés par Thiers pour prendre les pièces d’artillerie fraternisent là aussi avec le peuple parisien.

Après la perte de la Butte Montmartre le 23 mai, les insurgés contrôlent encore quelques points stratégiques qui offrent un large panorama sur la ville. Ces derniers comprennent les hauteurs du Père Lachaise et des Buttes-Chaumont, parc facilement accessible depuis Belleville et la mairie du 20ème, alors située en face de l’actuel métro Jourdain. Des canons sont également disposés sur la « Butte Verte », dont l’emplacement semble correspondre au promontoire naturel aujourd’hui connu sous le nom de Butte Bergeyre. Les deux camps s’échangent alors des salves d’artillerie qui causeront de nouveaux incendies à travers la capitale.

L’accès au parc est protégé par les cinq canons de la barricade de la rue Puebla, aujourd’hui rue des Pyrénées. Les dernières défenses du parc se taisent le 27 mai en fin d’après-midi, alors que les artilleurs sont désormais à court de munitions. Le parc devient ensuite la scène de combats rapprochés, parfois à l’arme blanche. D’après le partisan de la Commune devenu historien Prosper-Olivier Lissagaray, des centaines de Parisiens y sont exécutés, leurs corps jetés dans le lac sans ménagement. Il précise également que les troupes versaillaises rassemblent dans le parc « des milliers de cadavres » ramassés dans les quartiers environnants, qui seront « arrosés de pétrole et incinérés sur place ». Le parc renoue une nouvelle fois avec la réputation sinistre qui était la sienne à l’heure des carrières de gypse qui occupaient précédemment son emplacement.

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Autour du quartier d’Amérique et de la place des Fêtes

Carrières d'Amérique 2 Paris Charles Marville - Copie
Carrières d’Amérique (19ème arrondissement) – On aperçoit au loin le promontoire du parc des Buttes-Chaumont – Entre 1872 et 1879 © Charles Marville – Musée Carnavalet

Ce secteur de l’est parisien étonne aujourd’hui par sa mosaïque de styles architecturaux. Les grands ensembles de la place des Fêtes surplombent les allées piétonnes du quartier de la Mouzaïa, bordées d’anciens pavillons ouvriers aux jardinets coquets. Les premiers datent des années 1970, les seconds furent construits entre les années 1880 à 1920. Pour les promeneurs qui aiment à profiter du calme des lieux, imaginer l’ampleur de la tragédie de mai 1871 est particulièrement difficile.

Au moment de la Commune de Paris, l’inauguration des Buttes-Chaumont a déjà profondément modifié le visage de cette partie du 19ème arrondissement. À l’est cependant, le secteur est encore dominé par les carrières d’Amérique, d’où sont extraites des pierres utilisées pour la construction des immeubles parisiens. Souffrant encore d’une réputation sulfureuse dans les années 1860, elles s’étendent alors entre la rue de Mexico (devenue rue Manin), la rue de Crimée, la rue de Mouzaïa et les boulevards des Maréchaux et Serrurier. Quelques fermes subsistent également dans les environs.

 Au cours de la Semaine sanglante, le représentant de Belleville Gabriel Ranvier organise les dernières défenses du quartier. Le secteur de la place des Fêtes est alors un promontoire stratégique, complémentaire à celui des Buttes-Chaumont. Plusieurs pièces d’artillerie y sont installées : au cours de la Semaine sanglante, elles gênent notamment la progression des Versaillais le long de la rue de Crimée. Après la chute du parc, le carrefour offre un ultime rempart aux insurgés, de nombreux survivants ayant trouvé refuge autour de la mairie du 20ème (en face de l’actuel métro Jourdain) et de la rue Haxo. Le 27 mai au soir, alors que la situation apparaît désespérée pour les insurgés, les Prussiens barrent l’accès à la porte de Romainville (actuelle porte des Lilas) aux Parisiens qui tentent de fuir les exactions versaillaises.

Les témoignages recueillis par les historiens font état de nombreuses « exécutions sommaires » dans les environs de l’actuelle place Rhin-et-Danube : les troupes versaillaises profitent alors de la relative isolation des carrières pour accomplir leur funeste besogne. Différentes sources estiment à près d’un millier le nombre d’exécutions dans ce quartier : les corps furent ensuite enterrés dans les cavités environnantes. Au niveau de l’actuelle rue de Bellevue, qui était défendue par une barricade, des témoignages évoquent également l’existence d’un « Puits des fédérés ». Les Versaillais auraient fait disparaître de très nombreux cadavres sur ce site, dont l’emplacement correspond au terrain d’une ferme qui s’étend alors au nord de la place des Fêtes.

Les chiffres témoignent avec une sinistre éloquence de la barbarie déployée par cette armée « régulière », en large surnombre, et composée en grande partie de soldats d’origine rurale que l’on a pris soin de nourrir de propagande antirévolutionnaire à la veille des combats. Alors que les troupes versaillaises subiront moins de 900 pertes humaines, on peut estimer à plus d’une dizaine de milliers le nombre de Parisiennes et de Parisiens morts sur les barricades ou exécutés par les troupes de Thiers au cours du mois de mai 1871. Dans son ouvrage « La Semaine sanglante – Mai 1871. Légendes et comptes », travail le plus précis réalisé sur le sujet à ce jour, Michèle Audin recense au moins « 15 000 morts, pour la Semaine sanglante et ses suites » (morts en captivité notamment). Bon nombre d’entre eux n’ont même pas tenu un fusil sous la Commune : une dénonciation ou une vague ressemblance avec une figure de la révolution équivaut souvent à une condamnation à mort. Certains des trépassés sont par ailleurs loin d’être majeurs. La capitale ne connaîtra plus pareil abaissement moral avant les rafles de Juifs conduites par la police française sous l’occupation.

À l’angle du numéro 1 de la rue de la Solidarité, une plaque aussi sobre que touchante rend hommage aux révolutionnaires massacrés au cours de la Semaine sanglante dans le quartier des carrières d’Amérique : « Tout près d’ici reposent de très nombreux citoyens morts en mai 1871 pour la République et la liberté ».

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Autour de la rue Haxo

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Cette grille et cette porte, fixées contre un mur de la Villa des otages, proviennent de la prison de la Grande Roquette © Paris Lights Up

Dans les tous derniers jours de la Semaine sanglante, la rue Haxo fait office de quartier général aux quelques représentants de la Commune qui n’ont pas encore été tués, capturés, ou cachés par des habitants. Dans l’ombre des fortifications barrées par les Prussiens, les insurgés trouvent notamment refuge à la cité Vincennes, que Lissagaray décrit comme « une série de constructions coupées de jardins ».

Nous l’avons évoqué précédemment : le 26 mai, alors que les défenses des révolutionnaires vacillent aux alentours de la mairie du 11ème arrondissement, une foule de Parisiennes et de Parisiens en colère mène une colonne d’une cinquantaine d’otages sur les hauteurs de Ménilmontant. Parmi eux, une majorité de gardes et gendarmes, mais aussi une dizaine d’ecclésiastiques et plusieurs « mouchards » de l’Empire.

Informée des exactions commises à travers tout Paris par les troupes versaillaises, une partie des insurgés demande des représailles. Malgré les protestations de plusieurs figures de la Commune, parmi lesquels Louis Piat, Jules Vallès, et Eugène Varlin, les otages sont exécutés le jour même. La plupart seront fusillés contre le mur d’une cour accessible depuis le 85 de la rue Haxo ; cette voie a depuis pris le triste nom de villa des Otages. Le lendemain, au crépuscule de la Commune, les insurgés et de nombreux riverains seront à leur tour massacrés par les Versaillais. D’après l’ouvrage La Commune de 1871 de Jean Bruhat, Jean Dautry et Émile Tersen, « 2 000 Fédérés furent capturés rue Haxo » dans les derniers jours du conflit.

L’histoire de la rue et de la villa des Otages s’assombrit une nouvelle fois en 1916, lorsque des bombes allemandes rasent une partie du secteur. L’immeuble où se réunirent les derniers membres de la Commune ne semble pas y avoir réchappé, tout comme la majeure partie du mur des otages qui subsistait jusqu’alors.

L’église Notre-Dame-des-Otages a été construite en 1938 au 81 de la rue Haxo pour préserver leur mémoire. Malgré les importants changements architecturaux que traverse ensuite le quartier, une petite cour extérieure subsiste à l’arrière de l’église — elle est visible depuis la rue du Borrégo. Un fragment du mur devant lequel les otages ont été fusillés y est conservé, de même qu’une porte et une grille de cellule provenant de la prison de la Grande Roquette, détruite en 1900.

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Autour de Belleville et Ménilmontant

Barricade chaussée Ménilmontant Commune de Paris 1871 - Copie
Barricade de la Chaussée Ménilmontant – 18 mars 1871 © Anonyme – Musée Carnavalet

Dans la continuité du Faubourg Saint-Antoine, où siège alors le Comité central de la Garde nationale, les quartiers de Belleville et Ménilmontant sont parmi les premiers à se hérisser de barricades après la trahison puis la fuite des troupes de Thiers le 18 mars. Boulevards de Belleville et de Ménilmontant, rue du Faubourg-du-Temple, rue de Paris (désormais rue de Belleville), rue de Puebla (aujourd’hui rue des Pyrénées), rue de Ménilmontant, rue de la Mare, rue Saint-Maur, rue Oberkampf, rue d’Angoulême (rue Jean-Pierre Timbaud) : les témoignages s’accordent sur l’important dispositif défensif déployé par les insurgés.

Nombre de partisans de la Commune sont familiers du quartier. Républicains et socialistes parisiens échangent alors régulièrement lors de réunions publiques organisées dans les établissements du bas de la « Courtille », comme les Folies Belleville. Située au 8 de la rue de Paris, cette grande salle deviendra par la suite un café-théâtre puis un cinéma ; son emplacement correspond aujourd’hui à celui d’un supermarché. Juste à côté, le café La Vielleuse accueille également des réunions politiques : malgré quelques changements architecturaux notables, l’adresse existe depuis près de deux siècles. Le 28 mai, dernier jour de la Semaine sanglante, l’établissement servira d’ailleurs de refuge aux derniers insurgés. En face, au 13 de la rue de Paris, la salle du bal Favié reçoit plus d’une centaine de rassemblements publics entre la fin de l’Empire et 1871 : Gabriel Ranvier, Eugène Varlin ou encore Jules Vallès figuraient parmi les habitués des lieux. Dans les années 1880, on y retrouvera Louise Michel après son retour de sept ans d’exil en Nouvelle-Calédonie.

Foyer républicain, le quartier n’a pas attendu le 18 mars pour exprimer sa révolte. En mai 1870, déjà, les Bellevillois se soulèvent à la suite du plébiscite impérial visant à conforter le régime de Napoléon III. Paris fait alors partie des rares villes françaises à se prononcer pour le « non ». La répression des émeutes fera plusieurs victimes aux alentours de la rue du Faubourg-du-Temple.  Après la chute de l’empereur et la « trahison de Buzenval », sortie inutile des assiégés qui coûte des milliers d’hommes à l’armée française, une manifestation éclate le 22 janvier à l’Hôtel de ville du 20ème, alors situé aux abors de l’actuel métro Jourdain. Des pertes humaines seront une nouvelle fois à déplorer suite aux représailles contre cette nouvelle tentative révolutionnaire, prélude à la Commune.

C’est dans un parc bordant la place qu’étaient entreposés les canons de Belleville ; une foule d’insurgés parviendra à les défendre le 18 mars, les témoignages évoquant là encore des scènes de fraternisation avec la troupe. Achevée dix ans plus tôt, l’église Saint-Jean-Baptiste ressortira presque indemne de la guerre civile : elle servira d’entrepôt aux insurgés dans les derniers jours de la Semaine sanglante. À deux pas de là, une plaque rend hommage au syndicaliste ouvrier Zéphirin Camélinat qui, nommé directeur de la Monnaie de Paris le 4 avril, se distinguera par son « honnêteté rigoureuse » pendant le soulèvement. Exilé à Londres après la Commune, il reviendra en France pour participer à la création de la SFIO et sera même élu député de Paris entre 1885 et 1889. Il vécut ses derniers jours dans cet immeuble du 137 rue de Belleville. En 1870, Jules Vallès loge au 19 de cette même rue. Albert Goullé, son confrère au Cri du peuple, réside lui aussi dans le quartier, au 61 rue des Rigoles.

Du côté de Ménilmontant, l’église Notre-Dame-de-la-Croix est un étonnant témoin de la Commune. Alors flambant neuve, elle accueille à partir du 17 avril de nombreuses réunions politiques rassemblant un public essentiellement, voire parfois entièrement féminin. Parmi les oratrices qui se succèdent sous la voûte de cette vaste église — la troisième plus grande de Paris — on retrouve la militante féministe Paule Minck, qui présidera certaines assemblées. À deux pas de là, l’anarchiste Louise Michel avait par le passé animé des réunions à la salle Graffard, qui se trouvait au 138 du boulevard de Ménilmontant. En remontant vers les hauteurs de Belleville, au 42 de la rue des Cascades, l’Espace Louise Michel entretient sa mémoire à travers des expositions évoquant les luttes sociales.

Forts de leur tradition et de leur engagement révolutionnaire, les quartiers de Ménilmontant et de Belleville seront les derniers tenus par les insurgés. Le 26 mai, leur représentant Gabriel Ranvier fait imprimer l’ultime affiche de la Commune pour appeler les Bellevillois à défendre le quartier voisin de la Villette. L’Imprimerie nationale étant désormais aux mains des Versaillais, ses exemplaires seront tirés chez l’imprimeur Prissette au passage Kuszner, alors accessible depuis le 17 de la rue de Belleville. Les constructions de la seconde moitié du XXème siècle ont fait disparaître l’étroit passage : une agence bancaire occupe aujourd’hui cette adresse…

Les historiens et les auteurs s’accordent à situer les dernières barricades de la ville dans le quartier. Le 28 mai au matin, les Fédérés rescapés défendent encore un rectangle plus ou moins délimité par le boulevard de Belleville, la rue du Faubourg-du-Temple, les rue des Trois-Bornes et des Trois-Couronnes, et la rue de la Folie-Méricourt. Compte tenu des carrefours les plus cités concernant l’emplacement des ultimes défenses insurgées, ce rectangle devait également s’étendre sur les pentes bordant la Courtille.

En plus de celle de la rue de la Fontaine-au-Roi déjà citée, plusieurs autres carrefours sont évoqués comme emplacements possibles de la « dernière barricade » tenue par les insurgés. La grande barricade de la rue de Paris (actuelle rue de Belleville), au croisement du boulevard, sur laquelle combattit Vallès. Celle de la rue Rébeval, qui la rejoint. Celle enfin à l’angle de la rue de Tourtille et de la rue Ramponeau où, d’après Lissagaray, le dernier coup de fusil de la Commune fut tiré à dans l’après-midi du 28 mai 1871. En haut de la rue Ramponeau, fixée sur un mur du Parc de Belleville en 2011, une plaque rend « hommage aux hommes et aux femmes qui ont lutté pour la liberté et la justice ».

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Depuis plusieurs années, l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris interpelle les élus et les pouvoirs publics en vue de compléter le nom de la station de métro Belleville, une occasion d’entretenir le souvenir de cette révolution qui s’éteignit dans ses faubourgs. Elle s’appellerait désormais « Belleville – Commune de Paris 1871 ». La RATP a jusqu’à présent refusé, estimant qu’un tel changement serait source de confusion.

La Commune a eu 150 ans le 18 mars 2021. L’association souhaite contribuer à faire de ce printemps anniversaire un « rendez-vous spectaculaire », notamment en rassemblant de nouveau les foules pour la montée au Mur du samedi 29 mai prochain. Les commémorations seront l’opportunité d’évoquer la mémoire de cette « grande fédération des douleurs » de 1871, et de ces femmes et ces hommes qui se levèrent si nombreux, ensemble, pour imaginer de meilleurs lendemains.

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Pour en savoir plus :

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Musée Carnavalet
(réouverture en mai 2021)
16 Rue des Francs Bourgeois, 75003 Paris
www.carnavalet.paris.fr

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Musée d’art et d’histoire Paul Éluard
22 bis rue Gabriel Péri, 93200 Saint-Denis
musee-saint-denis.com

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Association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871
www.commune1871.org

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Association Printemps 1871 – La Commune de Paris, les paris de la Commune
printemps1871.wordpress.com

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Faisons vivre la Commune
faisonsvivrelacommune.org

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Paris Révolutionnaire
www.parisrevolutionnaire.com

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La Commune de Paris – Blog de Michèle Audin
macommunedeparis.com

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13 thoughts on “Mémoires de la Commune de 1871 dans l’est parisien”

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