À l’approche du scrutin du 30 mai et 6 juin, Paris Lights Up donne la parole aux cinq candidates et candidats qui auront l’opportunité de représenter la quinzième circonscription de la capitale à l’Assemblée nationale. On retrouve aujourd’hui la conseillère de Paris écologiste Antoinette Guhl : élue du 20ème, elle mène un duo rassemblant Les Verts et Génération·s.
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Paris Lights Up : Si vous êtes élue députée dans le cadre de cette élection législative partielle et que vous deviez choisir trois priorités pour votre mandat, quelles seraient-elles ?
Antoinette Guhl : Face aux crises et aux urgences que nous vivons, ma première priorité sera celle de la justice sociale et climatique. La pandémie mondiale nous rappelle la nécessité d’avoir des écologistes au pouvoir. Aujourd’hui commencent les débats à l’Assemblée nationale concernant la loi proposée par le gouvernement. Et non seulement elle ne représente que 10% des objectifs de la Convention citoyenne pour le climat qui lui a attribué une note de 2,5 sur 10, mais ces petits pas sont en fait des reculs : sur la santé, l’alimentation, la rénovation thermique, l’emploi. Nous ne pouvons pas continuer d’être passifs face à l’urgence, il nous reste à peine 10 ans pour agir. Dès le 12 avril, j’aurai une voix forte pour porter l’urgence climatique à l’Assemblée.
Ma deuxième priorité sera la jeunesse, qui est au cœur de mon engagement. Je proposerai un revenu pour les 18-25 ans. Cette génération ne doit pas être sacrifiée mais au contraire avoir un droit nouveau à choisir, à grandir.
Enfin, l’école républicaine. Nous ne pourrons pas faire une rentrée en septembre dans les collèges, les lycées, les lycées professionnels, avec des moyens en baisse. Cela après un an de pandémie qui a d’abord pénalisé les plus fragiles. Construire un avenir commun, c’est permettre aux citoyennes et citoyens de s’émanciper.
Le 20ème arrondissement concentre aujourd’hui bien des difficultés : taux de contamination au covid-19 parmi les plus élevés de la capitale, nombre de personnes sans abri toujours aussi révoltant, problèmes liés au mal-logement et à la hausse des prix de l’immobilier… Malgré tout, la participation locale aux dernières élections a été particulièrement faible. Comment faire en sorte que les citoyennes et les citoyens croient en la capacité de la politique en vue de changer leur quotidien ?
Une des premières façons de donner à nouveau l’espoir du changement c’est l’humilité, c’est porter la voix des invisibles, de celles et ceux qui parce qu’en situation précaire ne se retrouvent pas dans les discours de ce gouvernement. Ce même gouvernement qui fait reposer la réussite sur les épaules des individus et qui préfère la compétition à l’émancipation.
J’ai une pratique d’élue locale. Je ne changerai pas. Je multiplierai les permanences dans les quartiers. Je serai en lien étroit avec les associations et les citoyennes et citoyens pour alimenter ma réflexion. J’instituerai un atelier régulier de fabrique de la loi.
Face au duel Macron-Le Pen qui semble de nouveau se profiler à l’horizon, un nombre grandissant de militantes et de militants progressistes en appellent aujourd’hui à une véritable union pour 2022. Or les échéances à venir, en premier lieu les régionales, ne semblent guère porteuses d’espoir de ce point de vue. Quelles seraient les conditions pour que les formations de gauche mettent leurs désaccords de côté et s’entendent sur la formation d’un nouveau Front populaire ?
C’est justement l’expérience que je propose lors de cette élection. Je me présente en duo avec Nathalie Maquoi, de Génération·s, sur un rassemblement autour de l’écologie. Ce rassemblement est clair sur le fond et sur la forme. Nous voulons faire la démonstration qu’il est l’un des chemins possibles pour 2022.
Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vos liens, votre rapport personnel, avec le 20ème arrondissement ?
Le 20ème est un arrondissement d’une immense diversité et d’une grande générosité, comme en témoignent les nombreuses initiatives de liens sociaux, de créativité des associations pour tendre la main aux plus fragiles. C’est aussi un arrondissement de culture, d’histoire, d’artistes, de Ménilmontant à Belleville en passant par le Père Lachaise, et c’est d’ailleurs un sujet grave aujourd’hui en cette période de crise. Nous ne pouvons pas faire société sans culture.
J’ai élevé en grande partie mes enfants dans le 20ème et je peux témoigner que cet arrondissement présente, par sa diversité et son dynamisme, un très bel exemple d’inclusion, et de partage, des valeurs que j’ai aimé leur transmettre.
Quelles sont les adresses ou initiatives locales qui vous inspirent ?
- Un lieu inspirant de lumière, d’ombre et de marionnettes au milieu d’un quartier populaire : le Théâtre aux Mains Nues à Saint-Blaise.
- Un espace de ventes de produits en circuits-courts : Kelbongoo, un modèle qui n’existerait pas sans volonté politique, que j’ai eu plaisir, en tant qu’élue, à installer dans le 20ème.
- Extramuros : un espace de travail du bois ouvert à tous les habitants et habitantes pour faire des choses de ses mains et se connecter à la création, à la fabrication.
Si vous êtes élue, qu’adviendra-t-il de votre mandat de conseillère de Paris ?
J’ai aujourd’hui plusieurs mandats locaux, dans le 20ème, à Paris et dans le Grand Paris. Pour me concentrer sur l’activité nationale, je vais devoir effectivement passer la main sur certains d’entre eux, mais je souhaite tout de même rester connectée aux affaires locales et garder un de ces mandats.
Parmi toutes et tous les candidates et candidats, pourquoi seriez-vous la meilleure représentante de la 15ème circonscription de Paris ?
Je serai la meilleure représentante parce que les citoyennes et citoyens, considérant la nécessité de l’écologie aujourd’hui dans notre société pour un meilleur cadre de vie, en décideraient ainsi. C’est le sens du mot démocratie !
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À l’approche de cette élection législative partielle des 30 mai et 6 juin, notre rédaction interroge toutes les personnalités candidates dans une série d’entretiens-portraits :
– François-Marie Didier, conseiller de Paris de l’opposition, élu du 20ème, et directeur développement territorial dans une grande entreprise du secteur de l’énergie, candidat avec le soutien des partis LR et Libres.
– Lamia El Aaraje, conseillère de Paris de la majorité, élue du 20ème, et docteure en pharmacie, candidate avec le soutien du Parti socialiste et du Parti radical de gauche.
– Sarah Gardent, agente de Pôle emploi, candidate avec le soutien du Parti ouvrier indépendant démocratique.
– Antoinette Guhl, conseillère de Paris de la majorité, élue du 20ème, et directrice d’une structure dédiée au recyclage et au réemploi, candidate avec le soutien des partis EELV et Génération·s.
– Danielle Simonnet, conseillère de Paris de l’opposition, élue du 20ème, et psychologue de l’Éducation nationale, candidate avec le soutien de la France insoumise.
– Thomas Roger, infirmier en service de gériatrie, candidat avec le soutien du Parti communiste.
Les partis de la majorité présidentielle LREM-MoDem ne présentent pas de candidate ou de candidat dans le cadre de cette élection.
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Les résidentes et résidents de la 15ème circonscription de Paris qui ne le seraient pas encore peuvent s’inscrire sur les listes électorales jusqu’au vendredi 23 avril pour participer à cette législative partielle.
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Photographie d’illustration : Antoinette Guhl
© Margot L’Hermite
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