La légende de Victor Noir, du martyr de la République au sex-symbol du Père Lachaise

Né le 27 juillet 1848, le journaliste Victor Noir connaît une fin tragique à l’âge de 21 ans, dans un épisode marquant de la fin du Second Empire.

Désigné témoin d’un duel, et dans le cadre d’une dispute entre la rédaction du journal de tendance républicaine La Marseillaise et le cousin de l’empereur, Pierre-Napoléon Bonaparte, il est abattu par surprise par ce dernier d’une balle dans la poitrine. Ses funérailles à Neuilly, le 12 janvier 1870, rassembleront près de 100 000 personnes, une foule opposée au pouvoir en place et réunissant républicains, socialistes, internationalistes… Le jeune rédacteur devient immédiatement un symbole de la République ; sa dépouille sera déplacée au Père Lachaise en 1891.

Une tombe associée à une étrange superstition

Sa dernière demeure est ornée d’un étonnant gisant signé du sculpteur Jules Dalou, une œuvre réaliste représentant Victor Noir à l’heure de son trépas, la bouche entrouverte et le chapeau à ses pieds. Cette tombe est depuis le sujet d’une étrange superstition, liée à la « virilité avantageuse » de la statue : d’après cette légende, en toucher les parties adéquates entraînerait un regain de fertilité. Une oxydation de la patine est d’ailleurs clairement visible en haut du pantalon, autour des lèvres, et sur l’impact de la balle fatale. Le gisant de Victor Noir est plus largement associé à un véritable folklore érotique – l’artiste de Burlesque Dita Von Teese y a même réalisé une série de portraits.

Malgré cet héritage aussi grivois qu’inattendu, le meurtre du jeune homme par un parent de l’empereur restera un moment fédérateur pour les forces anti-bonapartistes, annonçant sous certains aspects la chute prochaine du régime, ou tout au moins sa contestation grandissante par le peuple de la capitale. Bien qu’antérieur, l’événement reste étroitement associé à la mémoire de la Commune de Paris : bon nombre des figures venues rendre hommage à Victor Noir après son dernier soupir (Louise Michel, Jules Vallès, Eugène Varlin, etc.) joueront un rôle majeur dans la révolution parisienne du printemps 1871.

 

 

Tombe de Victor Noir
Cimetière du Père Lachaise – 92e division
Paris 20°

 

 

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