Les mystérieux atlantes de la rue du Faubourg-du-Temple

Entre la place de la République et les rives du canal Saint-Martin, l’agitation de la rue du Faubourg-du-Temple dissimule bien des secrets urbains. Les deux atlantes encadrant le passage des numéros 18-20 en sont l’un des plus beaux exemples.

Premier cirque de la capitale à l’heure de la Révolution française, fabrique de biscuits au XIXe siècle, pépinière commerciale et industrielle au XXe, puis haut lieu des nuits parisiennes : le site du 18-20 du Faubourg-du-Temple a connu bien des vocations au cours de sa longue histoire. Caractérisé par ses grands étages en retrait de la rue accessibles via un passage éclairé par une verrière, le bâtiment actuel a été bâti entre 1908 et 1910 d’après les plans de l’architecte visionnaire Henri-Paul Nénot, qui a su laisser sa marque dans le paysage parisien avec près d’une vingtaine de réalisations à son actif dans la capitale.

Après avoir longtemps accueilli des ateliers et autres espaces à usage industriel, les salles bordant le passage couvert abritent aujourd’hui l’Apollo Théâtre, un lieu notamment dédié au stand-up, ainsi que le Gibus, un club prisé des amateurs de soirées LGBTQ+. Si cette cour fermée se laisse entrevoir depuis la rue faubourienne très passante, il est conseillé de s’avancer un peu afin de découvrir au mieux les deux atlantes – équivalents masculins des cariatides, statues de femmes qui soutiennent bien des façades d’immeubles parisiens – dont il est ici question.

 

 

Comme l’explique le site Cariatides, atlantes, sculptures en façade à Paris, ces œuvres étonnantes restent marquées du sceau de la société Glaenzer et Perreaud, qui fit l’acquisition du site en 1932. Les évocations industrielles de la roue dentée qui porte les initiales du commanditaire sont renforcées par la présence de plusieurs outils au bas du socle, sous le délicat drapé recouvrant les deux atlantes. « La gaine dont ils semblent s’extraire est ornée d’emblèmes liés au labeur et qui sont fort joliment sculptés : le marteau, la scie et la lime », explique le site spécialisé sur l’architecture parisienne, jugeant ces détails peu surprenants dans un lieu qui fut longtemps « consacré au travail et à la force humaine ».

Chefs d’œuvres de détails urbains, les sculptures des atlantes elles-mêmes justifient un détour par cet ancien passage industriel. Soutenant la voûte des ateliers tel le Titan Atlas porte la sphère céleste, les statues jumelles rappellent par leurs mouvements et leurs musculatures deux célèbres créations de Michel-Ange visibles au musée du Louvre, L’Esclave rebelle et L’Esclave mourant, réalisées entre 1513 et 1516, de même que son Atlas esclave, conservé à la Galleria dell’Accademia de Florence. Elles se distinguent par ailleurs des atlantes visibles dans le reste de la capitale par leur étonnant positionnement : au lieu de faire face au passant ou à la rue, leurs visages demeurent mystérieusement invisibles, comme encastrés dans la roche qu’ils soutiennent.

 

 

18-20 rue du Faubourg-du-Temple
75011 Paris

 

 

Vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire et le patrimoine de l’est parisien ? N’hésitez pas à consulter nos derniers guides et articles :

• Charmants passages et cours secrètes de l’est parisien

• Histoire, patrimoine, urbanisme : les records de l’est parisien

• En images : 10 parcs et jardins fleuris où profiter du printemps dans l’est parisien

• Mémoires de la Commune de 1871 dans l’est parisien

• Dans les pas d’Édith Piaf à travers l’est parisien

• Les lieux dédiés à la mémoire du Groupe Manouchian dans la capitale

• Les salles indépendantes historiques de l’est parisien pour voir le cinéma autrement

• En juin 1848, la rue du Faubourg-du-Temple devient le sujet de l’un des premiers photoreportages de l’histoire

• En images : L’étonnant immeuble Art Nouveau de la rue d’Abbeville (10e)

• Bastille : Une fresque murale sur les quais du métro pour illustrer l’épopée révolutionnaire de 1789

• En images : Une échappée urbaine sur la Butte Bergeyre (19e)

• En images : La Mouzaïa, micro-quartier pavillonnaire et oasis de tranquillité du 19e arrondissement

L’immeuble Bornibus du boulevard de la Villette, témoin du passé industriel de Belleville

• La légende de Victor Noir, du martyr de la République au sex-symbol du Père Lachaise

 

 


Cet article vous a été utile ? N’hésitez pas à lire notre appel à solidarité et à nous soutenir pour permettre à Paris Lights Up de rester accessible au plus grand nombre !


 

 

Photographies : Atlantes du 18-20 rue du Faubourg-du-Temple – Paris 11e.
© Paris Lights Up

 

 

Laisser un commentaire