Imaginé par l’association Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 pour marquer la date des débuts de l’insurrection, ce “parcours dans le 11e arrondissement ponctué de récits” s’élancera en fin d’après-midi du Cirque d’Hiver.
Le 18 mars 1871, après l’échec des tentatives de Thiers visant à subtiliser aux Parisiens les canons de Montmartre et des Buttes-Chaumont, la troupe fraternise avec le peuple des quartiers populaires qu’on lui avait pourtant demandé de réprimer. C’est le début du soulèvement, et la date marquant l’avènement de la Commune de Paris. Gardes nationaux bellevillois et montmartrois joignent ensuite leurs forces pour rejoindre l’Hôtel de ville. À la nuit tombée, le drapeau rouge flotte sur le bâtiment conquis sans la moindre effusion de violence.
Afin de commémorer cet événement, l’association Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 organise une déambulation historique à travers le 11e arrondissement, avec plusieurs étapes visant à évoquer des épisodes phares de l’insurrection. L’arrondissement est stratégique à plusieurs titres pour les partisans de la Commune. Bastion historique des révolutions parisiennes, avec en particulier son Faubourg Saint-Antoine, ce quartier populaire accueille le siège du Comité central de la Garde nationale, bras armé de la révolte, qui était vraisemblablement situé rue Saint-Bernard. Les citoyennes et citoyens de Paris participent aussi en nombre aux réunions publiques organisées dans le quartier. On peut notamment évoquer le “Club des prolétaires” qui réunit des centaines de participants à l’église Saint-Ambroise à partir du 7 mai.
La guillotine symboliquement brûlée sur la place Voltaire, aujourd’hui place Léon Blum
Au nord de l’arrondissement, plusieurs événements majeurs se déroulent aux prisons de la Grande et de la Petite Roquette. Respectivement fermées en 1899 et 1974, elles ont depuis été remplacées par des habitations et le square du même nom. Le 6 avril, des révoltés y trouvent une guillotine qu’ils brûlent symboliquement sur la place Voltaire (aujourd’hui place Léon Blum). Sa lame aurait servi à exécuter Felice Orsini, révolutionnaire italien auteur d’un attentat contre l’empereur Napoléon III en 1858. “Le peuple a brûlé cet instrument de supplice, et l’on ose l’accuser d’être sanguinaire !”, clame alors le Cri du Peuple de Jules Vallès, l’un des journaux les plus lus pendant le soulèvement.
“Le 6 avril 1871, le peuple, accompagné d’un bataillon du 11e arrondissement, a ‘réquisitionné’ et pris la guillotine, l’a portée place Voltaire, a brisé en morceaux la hideuse machine, et, aux applaudissements d’une foule immense, l’a brûlée”, cite pour sa part l’association des Amies et Amis de la Commune de Paris, d’après la une du lendemain du journal Le Rappel. Après un départ du Cirque d’Hiver à 17h30 suivi d’étapes au carrefour Oberkampf – Richard Lenoir, devant l’église Saint-Ambroise, puis au jardin Talbot et Avrial, c’est sur ce parvis surplombé par la mairie de 11e arrondissement que s’achèvera le parcours de ce 18 mars 2023, sur les notes d’une “animation musicale” prévue aux alentours de 19h15.
Les quartiers du Faubourg Saint-Antoine et Reuilly, parmi les derniers bastions de la révolution
L’édifice ayant été construit entre 1862 et 1865, et donc fonctionnel à l’heure de la Commune, le site est symbolique à plus d’un titre. Suite à l’incendie de l’Hôtel de ville du 24 mai au cours de la Semaine sanglante, c’est ici que se réunissent les responsables rescapés de la délégation à la Guerre de la Commune. Non loin de là, les combats vont rapidement faire rage à la place du Château d’Eau (actuelle place de la République), aux alentours de la place du Trône (devenue place de la Nation), et dans les environs de Bastille. Après la défense héroïque du quartier de la Butte-aux-Cailles (13e arrondissement), le général Walery Wroblewski et un millier de Fédérés arrivent en renfort dans l’arrondissement par le pont d’Austerlitz.
Avec leurs nombreuses barricades, autant d’échos à celles des révolutions passées, les quartiers du Faubourg Saint-Antoine et de Reuilly résistent pendant des heures aux assauts versaillais. On y retrouve notamment la républicaine Victorine Rouchy-Brocher, qui survivra à la Semaine sanglante, et parviendra à regagner la Suisse avant d’écrire un livre sur son expérience. Alors que la mairie du 11e est évacuée le 25 au soir, des combats se déroulent encore dans ses environs toute la journée du lendemain, avant une ultime retraite des insurgés vers les hauteurs de la rue Haxo et les pentes de Belleville.
Nos derniers articles autour de la Commune :
• Mémoires de la Commune de 1871 dans l’est parisien
• Les plus belles chansons de la Commune de Paris
• Nathalie Le Mel, porte-parole des ouvrières parisiennes devenue figure de la Commune
• En images : Le cortège de la montée au Mur des Fédérés défile de la place des Fêtes au Père Lachaise
• En images : Une inauguration en musique en mémoire de Gabriel Ranvier, maire du 20e pendant la Commune de 1871
Cet article vous a été utile ? N’hésitez pas à lire notre appel à solidarité et à nous soutenir pour permettre à Paris Lights Up de rester accessible au plus grand nombre !
Photographie : Montée au Mur des Fédérés du 21 mai 2022
© Paris Lights Up
One thought on “Commémorations de la Commune de Paris : Un parcours historique dans le 11e arrondissement organisé samedi 18 mars”