Des centaines de personnes se sont rassemblées dans les rues du 20e arrondissement ce mercredi après-midi pour une marche blanche en mémoire de Boubacar et Fadigui, deux jeunes hommes originaires du quartier tués sur le Pont-Neuf le 24 avril dernier.
À l’ombre des barres des Amandiers, la petite place Henri Matisse (20e) se remplit à vue d’œil pour le rassemblement de soutien organisé à l’appel des familles des victimes. “Cette marche blanche est un moment de recueillement, avec les familles”, précise Issa Coulibaly, un proche des disparus, avant le départ des nombreux participants pour le boulevard de Belleville et la rue de l’Orillon (11e arrondissement). Un quartier où “sont nés et ont grandi” les deux hommes qui ont perdu la vie dans la nuit du 24 au 25 avril, au soir du second tour de la présidentielle, au cours d’une intervention policière ayant entraîné la mise en examen pour “homicide volontaire” de l’agent responsable des tirs mortels au fusil d’assaut.
Sous le ciel couvert de ce mercredi après-midi, reflet de la tristesse qui se lit sur les visages, les responsables de la marche rappellent que “le mot d’ordre, c’est l’apaisement”. Un prérequis avant d’espérer obtenir “vérité et justice”, des mots répétés par les participants. Âgés de 25 et 31 ans, les deux hommes auraient été pris pour cibles après avoir “refusé d’obtempérer” à un contrôle de police. D’après les premiers éléments disponibles, basés sur des témoignages et des expertises balistiques, “le policier aurait continué à tirer alors que sa vie n’était plus en danger, étant sur le côté du véhicule. Ces analyses remettent pour le moment en cause la légitime défense”.
Soulignant en premier lieu la “douleur incommensurable” des familles et des proches, Me Hahn de Bykhovetz, avocate des victimes, s’est exprimée quelques instants face à la presse. Elle a indirectement évoqué l’attitude des syndicats policiers, notamment Alliance, à l’origine lundi dernier de plusieurs rassemblements de soutien à l’agent de 24 ans mis en cause. “Contrairement à ce qui a été dit ces derniers jours, la mise en examen pour homicide volontaire est totalement justifiée. La seule chose à laquelle la famille aspire, c’est la manifestation de la vérité”.
Aux côtés des proches, qui ont défilé au devant de la marche vêtus de T-shirts blancs portant le nom des victimes et des déclarations en leur mémoire – “À jamais dans nos cœurs”, “Reposez en paix”, “On n’oubliera pas” – plusieurs personnalités ont exprimé leur solidarité en se joignant au cortège. Parmi elles, Assa Traoré, figure de la lutte contre les violences policières depuis le décès de son frère Adama lors d’une intervention policière en 2016. Les conseillères de Paris du 20e arrondissement Raphaëlle Primet (PCF) et Danielle Simonnet (LFI), la conseillère du 11e arrondissement Joëlle Morel (EELV), ainsi que le député de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel (LFI), ont également rejoint les rangs de la marche blanche.
Photographie : Marche blanche du mercredi 4 mai 2022 en mémoire de Boubacar et Fadigui – Rue des Amandiers, Paris 20e.
© Paris Lights Up
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