Condition animale : Un rassemblement pour les poissons au canal Saint-Martin (10e)

Si leur consommation et commercialisation sont aujourd’hui prohibées, les poissons de la capitale ne sont toutefois pas épargnés par la « pêche de loisir ». L’association Paris Animaux Zoopolis (PAZ) organisait un rassemblement ce vendredi pour demander à la ville de « mettre fin aux conventions de pêche sur les canaux parisiens ».

Un an après avoir contribué à l’interdiction de la pêche au vif et des hameçons à ardillons, votée en conseil de Paris en février 2021 et saluée comme une « décision historique » par PAZ, l’association souhaite aujourd’hui voir la municipalité faire un pas de plus contre la souffrance animale. À l’occasion d’un rassemblement organisé sur les rives du canal Saint-Martin (10e arrondissement) en début d’après-midi, ses militants ont rappelé leur volonté d’obtenir le non-renouvellement des « conventions autorisant la pêche » depuis les quais des canaux parisiens, le canal de l’Ourcq (19e) étant également concerné.

« Par mesure préventive », un arrêté préfectoral de juin 2010 interdit « la consommation et la commercialisation destinée à la consommation humaine et animale de tous les poissons pêchés dans la Seine et l’Ourcq ». Estimant que « blesser les animaux ne devrait jamais être un loisir », la cofondatrice de PAZ Amandine Sanvisens appelle la ville à confirmer ses récentes avancées en faveur de la condition animale, et à « aller plus loin » dans sa « reconnaissance de la souffrance des poissons ».

Présenté au nom de l’exécutif par Christophe Najdovski, adjoint (Paris en Commun) à la maire de Paris en charge de la biodiversité et de la condition animale, le vœu adopté il y a presque un an considérait déjà l’impossibilité de consommer les poissons pêchés dans la capitale comme un argument justifiant de limiter certaines pratiques. Il citait également « les préoccupations grandissantes des Français et Françaises au sujet de la condition animale » et « l’intérêt » de la ville de Paris pour cette même cause.

D’après un sondage Ifop auprès de 1 072 personnes commandé par PAZ à la veille des municipales de 2020, près de 63% des Parisiennes et des Parisiens sont aujourd’hui favorables à l’interdiction de la pêche dans la capitale. L’intérêt pour la défense des poissons est encore plus fort chez les plus jeunes, avec 73% des personnes de moins de 35 ans interrogées qui jugeraient positivement une telle mesure.

S’exprimant au mégaphone alors que se déploient les banderoles de l’association, Amandine Sanvisens estime que « ce serait une avancée historique que la capitale de la France mette fin à cette pratique, qui est cruelle pour les animaux. Les poissons souffrent comme n’importe quel animal : les hameçons leur transpercent la bouche, avec des lésions qui peuvent être profondes, ils sont soumis à un stress intense étant donné qu’ils sont retirés de leur milieu… » Face aux passants parfois étonnés, les soutiens de PAZ portent des pancartes pour donner une voix aux résidents des canaux : « Je veux vivre », « Même si je ne crie pas, je souffre », « Je suis un individu »

« Nous savons que la ville de Paris est sensible à la condition animale, puisqu’elle a interdit certains pratiques de pêche », poursuit la cofondatrice de l’association. Rappelant que « la souffrance et la capacité des poissons à ressentir est aujourd’hui bien documentée », elle indique avoir écrit un courrier à la maire de Paris en septembre dernier « aux côtés de 23 associations de protection animale, parmi lesquelles la fondation 30 millions d’amis et L214 », pour demander la fin de la pêche sur le territoire de la capitale.

Une dizaine d’élus parisiens « de tous bords politiques différents » ont également fait le choix de soutenir cet appel, comme le député et ancien candidat à l’Hôtel de ville Cédric Villani, le maire (LR) du 6e arrondissement Jean-Pierre Lecoq, ou encore la conseillère de Paris (LFI) Danielle Simonnet, qui fut la première élue à aborder la question de la pêche du point de vue de la condition animale au sein de l’assemblée parisienne, avec la présentation d’un vœu dédié en 2018.

« Les animaux aquatiques restent les grands oubliés de la cause animale », souligne Amandine Sanvisens. Après avoir cité l’exemple de la « sanctuarisation » de la darse du Rouvray, dans le 19e arrondissement, où la pratique n’est actuellement plus légale, elle précise que « les conventions autorisant la pêche sur les canaux sont arrivées à leur terme le 31 décembre dernier ». Ce vendredi, PAZ s’adresse de nouveau « à Anne Hidalgo et Christophe Najdovski » afin que ces derniers prennent la décision « de ne pas renouveler ces conventions ».

Alors que la quinzaine de militantes et militants de la cause animale brandit ses pancartes tout en distribuant quelques tracts aux passants franchissant le pont de la Grange-aux-Belles, le cygne solitaire du canal se rapproche au fil des flots en arrière-plan. L’occasion de rappeler que « la pêche ne blesse pas que les poissons. Les oiseaux, notamment aquatiques – foulques, canards, cygnes – sont régulièrement victimes d’accidents » causés par des fils et hameçons abandonnés par des pêcheurs.

Après des rassemblements réguliers pour demander la fermeture de la Ménagerie du jardin des Plantes (5e arrondissement), PAZ organisera bientôt un nouvel événement pour appeler à tourner au plus vite une autre page, celle du Marché aux oiseaux de l’île de la Cité (4e). Si les jours de ce « vestige d’un autre temps » sont désormais comptés depuis un vote du conseil de Paris en février 2021, des vendeurs restent néanmoins présents dans l’attente de la rénovation du Marché aux fleurs voisin, prévue entre 2023 et 2025 pour un montant évalué à 5 millions d’euros.

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Photographie : Rassemblement de PAZ sur le quai de Valmy – Canal Saint-Martin (Paris 10e)
©
Paris Lights Up

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