Inauguré en 1867 sur le site d’anciennes carrières de gypse, le grand parc de l’est parisien accuse le poids des années et souffre de la fragilité de ses structures artificielles. Deux d’entre elles, l’île du Belvédère et la grotte, ont été fermées au public cet été dans le cadre “d’études de diagnostic et de rénovation”.
Un rapport du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) commandé par la ville et remis à la direction des espaces verts au printemps dernier est venue confirmer la nécessité d’une intervention urgente sur la partie centrale du parc, notamment en raison de risques d’effondrements et de glissements de terrain. D’après une conseillère technique de l’adjoint à la maire de Paris en charge des espaces verts Christophe Najdovski (Paris en Commun), il est encore trop tôt pour établir un calendrier définitif du diagnostic lancé pour y remédier. Les études de rénovation vont “se dérouler en plusieurs étapes successives, et s’affiner en fonction des conclusions à l’issue de chacune de ces étapes”, précise-t-elle.
Évoquée dans les pages du Parisien, la durée de deux ans que pourrait nécessiter ce diagnostic est “à ce stade estimative, mais correspond au délai global d’études constaté pour des ouvrages comparables”. Le cabinet de Christophe Najdovski indique par ailleurs que “l’accès au belvédère restera fermé tant que les enjeux de de sécurité vis-à-vis du public n’auront pas été levés. Si les études montrent la possibilité de lever ledit risque, l’accès sera réouvert”. Des restrictions d’accès durables sont également à prévoir sur la rive sud du lac.
Conçu d’après les plans de l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand au crépuscule du Second Empire, le parc des Buttes-Chaumont a connu deux importantes vagues de rénovation depuis son ouverture : une première dès les années 1870-1880, et une seconde lancée à partir de 2003 et toujours en cours. Ces dernières années, l’usure et les infiltrations des sols ont été en partie compensées par des injections de béton visant à stabiliser les reliefs artificiels. Entre 2013 et 2016, des travaux chiffrés à près de 15 millions d’euros avaient permis au parc de retrouver pour un temps une nouvelle jeunesse… et autorisé, déjà, la réouverture du belvédère, dont l’accès est régulièrement limité en raison de la fragilité des chemins et falaises de l’île.
Au-delà des restaurations structurelles, ce dernier programme comprenait également une dimension esthétique, avec un élargissement des allées et un renouvellement du mobilier. “Les rénovations déjà réalisées concernent une très grande majorité du parc”, explique la conseillère qui nous a fourni ces précisions. “À ce jour, il ne reste que cinq hectares à rénover sur les vingt-cinq que compte le parc. Ils se situent dans la zone centrale aujourd’hui en études, composé du lac et d’un nombre d’ouvrages divers et variés” : les sites les plus fragilisés incluent les abords de la grande cascade, la grotte de vingt mètres de hauteur située en contrebas, et l’ensemble de l’île (voir carte ci-dessous). Les promontoires rocheux artificiels qui entourent le belvédère et les deux ponts qui y conduisent concentrent aussi les inquiétudes, des risques d’effondrements majeurs n’étant désormais plus à exclure.
Les études en cours permettront de définir l’ampleur des travaux de rénovation nécessaires, ainsi qu’un calendrier prévisionnel. Avec dix millions d’euros débloqués depuis fin 2020, et une enveloppe supplémentaire espérée en 2022, les futures réfections auront pour objectif de remédier sur le long terme aux risques récurrents de glissements de terrain et autres éboulements constatés ces dernières années. Une nécessité d’autant plus justifiée par la grande popularité du parc, fréquenté chaque année par près de six millions de visiteurs.
Pour rappel, la grotte des Buttes-Chaumont était déjà protégée par des filets depuis 2015, et la cascade de 32 mètres qui se jetait entre ses stalactites a rarement été mise en eau au cours de la dernière décennie, un arrêt motivé par l’aggravation des infiltrations des sols. Si le compte-rendu sévère du BRGM et la conduite du diagnostic justifient d’ores et déjà une fermeture de l’île et de la rive sud du lac, des restrictions d’accès à plus long terme semblent inévitables pour mener à bien les futurs travaux. Également cité par Le Parisien, le paysagiste de la direction des espaces verts en charge du parc, Patrice Boccacci, considère que cette dernière vague de rénovations pourrait s’étendre sur “dix ou vingt ans”. D’après Christophe Najdovski, elle débutera bien sous la mandature actuelle.
La remise en état d’ampleur qui s’annonce pourrait-elle être l’opportunité de redonner au parc certaines de ses caractéristiques passées, comme l’accès au “chemin des Aiguilles” ? Les 173 marches de ce passage à flanc de falaise, en partie souterrain, reliaient les rives de l’île au panorama du belvédère jusqu’à sa fermeture par mesure de sécurité il y a plus de vingt ans. Aura-t-on aussi l’occasion de revoir des bateaux traverser d’une rive à l’autre les eau du lac grâce au système de câbles et poulies installé en fond de bassin, une scène encore visible il y a une quarantaine d’années ?
“Tout comme pour les rénovations précédentes, cela fait tout naturellement partie des objectifs – le parc des Buttes-Chaumont est un site classé – qui devront être confortés par les études”, précisent les équipes de l’adjoint aux espaces verts. Un signal positif pour les Parisiennes et les Parisiens habitués à fréquenter les allées du parc et parfois nostalgiques de ses anciennes attractions, comme pour les nouvelles générations qui verraient ainsi s’étendre leur terrain de jeu favori. Après la remise à neuf des passerelles du canal Saint-Martin, que ces options soient retenues ou non, c’est en tout cas un autre lieu emblématique de l’est parisien qui s’apprête à connaitre un chantier de grande envergure.
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Illustration : L’île et le belvédère du parc des Buttes-Chaumont en novembre 2020 – Paris 19°
© Paris Lights Up
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