Le lac des Buttes-Chaumont (19e) entièrement vidé dans le cadre de la rénovation du parc

Nouvelle étape de la “rénovation historique” des Buttes-Chaumont (19e arrondissement), le “curage du lac” du parc a débuté par une “vidange” complète de ses eaux, qui ne devraient faire leur retour qu’au printemps 2024.

Après l’évacuation des poissons du lac, transférés dans le canal de l’Ourcq ou les plans d’eau des bois de Boulogne et de Vincennes à la fin du mois de septembre, la nouvelle étape des travaux de ce parc emblématique de l’est parisien vient de débuter. Dans le cadre de ce “curage”, l’opération consiste désormais à “prospecter et réparer, vider et nettoyer, pour enfin remplir” le lac de 1,5 hectares, indique la municipalité. La “remise en eau” de ce dernier est actuellement prévue pour mars 2024.

Après “le regroupement et le séchage des boues”, qui seront évacuées “par rotation de camions” jusqu’à la fin de l’année – le lac pourrait avoir accumulé “1 800 mètres cubes de vase” – les services de la ville évoquent déjà les étapes suivantes. Entre janvier et mars 2024 se dérouleront des “investigations pour mieux connaître la structure du lac” comprenant une vérification de son étanchéité, ainsi qu’une “amélioration des murets de séparation” et autres “petites réparations”. Concernant les restrictions d’accès attendues, la mairie de Paris précise que “les berges du lac sont rendues inaccessibles au public pendant toute la durée du chantier. La route circulaire reste partiellement accessible aux piétons”.

Un retour des poissons pour l’été 2024 ?

Assurant que “les plantes aquatiques ou semi-aquatiques sont absentes du lac qui est artificiel” la municipalité assure avoir pris en compte “les questions de protection de la biodiversité, du déplacement de la faune aquatique, et des opérations mises en place pour son retour dans les meilleures conditions une fois le lac prêt pour l’accueillir”. Elle promet aujourd’hui que les poissons reviendront dans ses eaux d’ici l’été 2024 : ces dernières seront de nouveau viables “après être passées par différents processus naturels chimiques, notamment celui du cycle de l’azote qui amène, via le développement des bactéries, à un équilibre des milieux aquatiques. Un rempoissonnement sera effectué environ deux mois après la remise en eau du bassin avec différentes espèces de poissons à même de garantir un nouvel écosystème équilibré”.

Si une évacuation des eaux n’avait pas eu lieu depuis près de 30 ans, les travaux actuels s’inscrivent dans un cadre plus large, notamment autour du lac lui-même. Inauguré en 1867 sur le site d’anciennes carrières de gypse, le parc accuse le poids des années et souffre de la fragilité de ses structures artificielles. Plusieurs d’entre elles, dont l’île du Belvédère et son temple de la Sibylle, sont aujourd’hui fermées au public. Le curage du lac permettra “la poursuite des études pour identifier les zones fragilisées à rénover”, puis “des travaux sur l’île et la falaise. Ils engageront les services de la ville, dont celui spécialisé dans les carrières, les services de l’État, dont le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), ainsi que plusieurs experts via des marchés publics”.

Des risques d’effondrements et de glissements de terrain dans les alentours du lac

Un rapport du BRGM commandé par la ville et remis à la direction des espaces verts en 2021 est venue confirmer la nécessité d’une intervention urgente sur la partie centrale du parc, notamment en raison de risques d’effondrements et de glissements de terrain. L’équipe de l’adjoint à la maire de Paris en charge des espaces verts Christophe Najdovski (Paris en Commun) avait alors indiqué que les études de rénovation allaient “se dérouler en plusieurs étapes successives, et s’affiner en fonction des conclusions à l’issue de chacune de ces étapes”.

Conçu d’après les plans de l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand au crépuscule du Second Empire, le parc des Buttes-Chaumont a connu deux importantes vagues de rénovation depuis son ouverture : une première dès les années 1870-1880, et une seconde lancée à partir de 2003 et toujours en cours. Ces dernières années, l’usure et les infiltrations des sols ont été en partie compensées par des injections de béton visant à stabiliser les reliefs artificiels. Entre 2013 et 2016, des travaux chiffrés à près de 15 millions d’euros avaient permis au parc de retrouver pour un (court) temps une nouvelle jeunesse, autorisant la réouverture du belvédère, dont l’accès est depuis longtemps limité en raison de la fragilité des chemins et falaises de l’île.

Des restrictions d’accès à long terme sont attendues

Les sites les plus fragilisés incluent les abords de la grande cascade, la grotte de vingt mètres de hauteur située en contrebas, et l’ensemble de l’île. Les promontoires rocheux artificiels qui entourent le belvédère et les deux ponts qui y conduisent concentrent aussi les inquiétudes, des risques d’effondrements majeurs n’étant pas à exclure. Avec “12 millions d’euros investis dans son entretien et sa rénovation” depuis 2020, auxquels il faut ajouter une enveloppe de 6 millions d’euros supplémentaire “consacrée aux travaux et aux études complémentaires” en cours, les réfections auront pour objectif de remédier sur le long terme aux risques récurrents de glissements de terrain et autres éboulements constatés ces dernières années. Une nécessité d’autant plus justifiée par la grande popularité du parc, fréquenté chaque année par près de “6 millions de visiteurs”.

 

 

La grotte des Buttes-Chaumont était déjà protégée par des filets depuis 2015, et la cascade de 32 mètres qui se jetait entre ses stalactites a rarement été mise en eau au cours de la dernière décennie, un arrêt motivé par l’aggravation des infiltrations des sols. Si le compte-rendu sévère du BRGM et la conduite des études du terrain justifient d’ores et déjà une fermeture de l’île et des rives du lac dans le cadre de ce “curage”, des restrictions d’accès à plus long terme semblent inévitables pour mener à bien les travaux. Cité par Le Parisien en 2021, le paysagiste de la direction des espaces verts en charge du parc, Patrice Boccacci, considérait que cette dernière vague de rénovations pourrait s’étendre sur “dix ou vingt ans”.

Le “chemin des Aiguilles”, fermé depuis plus de vingt ans

Les travaux seront-ils à la hauteur de l’un des plus beaux parcs de la capitale ? La remise en état d’ampleur qui s’annonce pourrait ainsi être l’opportunité de lui redonner certaines de ses caractéristiques passées, comme l’accès au “chemin des Aiguilles”. Les 173 marches de ce passage à flanc de falaise, en partie souterrain, reliaient les rives de l’île au panorama du belvédère jusqu’à sa fermeture par mesure de sécurité il y a plus de vingt ans. Pourrait-on aussi revoir des bateaux traverser d’une rive à l’autre les eaux du lac grâce au système de câbles et poulies installé en fond de bassin, une scène encore visible il y a une quarantaine d’années ?

“Tout comme pour les rénovations précédentes, cela fait tout naturellement partie des objectifs – le parc des Buttes-Chaumont est un site classé – qui devront être confortés par les études”, précisaient il y a deux ans les équipes de l’adjoint aux espaces verts. Un signal on l’espère encourageant pour les Parisiennes et les Parisiens habitués à fréquenter les allées du parc et parfois nostalgiques de ses anciennes attractions, comme pour les nouvelles générations qui verraient ainsi s’étendre leur terrain de jeu favori.

 

 


Cet article vous a été utile ? N’hésitez pas à lire notre appel à solidarité et à nous soutenir pour permettre à Paris Lights Up de rester accessible au plus grand nombre !


 

 

Illustration : L’île du parc des Buttes-Chaumont en novembre 2020 – Paris 19e
© Paris Lights Up

 

 

Laisser un commentaire