Le préfet de police de Paris Didier Lallement visé par une enquête pour faux témoignage

Auditionné devant la représentation nationale, Didier Lallement avait osé affirmer « ne pas avoir trouvé les organisateurs » de manifestations illégales de policiers, qui s’étaient pourtant tenues en plein cœur de Paris, au mois de juin 2020.

Un préfet menteur en plus d’être néfaste ? Pour le député (LFI) du Nord Ugo Bernalicis, qui a signalé ces propos en septembre au procureur de la République de Paris, cela ne fait guère de doutes : le préfet de police de la capitale et six autres responsables se sont rendus coupables de « faux témoignages » et de « parjures » au cours de leur audition devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les obstacles à l’indépendance du pouvoir judiciaire. Ugo Bernalicis présidait cette même commission.

Le parquet de Nanterre, à qui l’enquête a été confiée, a confirmé ce rebondissement. Dans le cadre de propos ou d’incohérences parallèles, l’enquête vise également d’autres responsables alors auditionnés par les députés : la procureure générale de Paris, Catherine Champrenault, le président de la cour d’appel de Paris, Jean-Michel Hayat, le procureur de Paris, Rémy Heitz, et l’ancienne procureure du Parquet national financier, Eliane Houlette. « Tous ces signalements font l’objet d’un traitement groupé », précise le parquet.

D’autres signalements, qui concernent cette fois-ci le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux, et l’ancien procureur de Nice Jean-Michel Prêtre, sont quant à eux « en cours de traitement » par le parquet de Paris. « L’important, pour moi, c’est que l’on prenne au sérieux ce que signifie témoigner devant une commission d’enquête parlementaire », se réjouit Ugo Bernalicis auprès de 20 minutes. Le faux témoignage est passible de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

Le cas de Didier Lallement semble assez limpide. Pour rappel, les manifestations de policiers dont il n’avait « pas trouvé les organisateurs » avaient été lancées sans autorisations, souvent à la nuit tombée, dans des quartiers ou des lieux symboliques rassemblant bon nombre d’institutions de la République. Le 12 juin, les policiers avaient ainsi défilé des Champs-Élysées au ministère de l’intérieur. Le 14 juin, ils s’étaient réunis de nuit devant l’Arc de Triomphe ; même procédé le 18, cette fois sur la place de la République. Le 27 juin, ils n’avaient pas hésité à faire retentir leurs sirènes au cours d’un rassemblement devant le Bataclan…

Si une telle déclaration d’impuissance n’était pas un mensonge, seule un niveau d’incompétence inexcusable permettrait d’expliquer l’absence de répercussions pour les organisateurs de ces manifestations non seulement inégales, mais aussi insultantes. Ces rassemblements avaient été organisés en réponse au mouvement contre le racisme et les violences policières qui a réveillé l’actualité américaine puis française à partir du mois de juin dernier.

Didier Lallement ne rencontre visiblement pas autant de difficultés lorsqu’il s’agit d’ordonner à ses troupes de matraquer aveuglément des manifestants, de généraliser les interpellations arbitraires, ou d’enfermer des mineures et des journalistes. On voudrait ensuite nous faire croire les services du préfet incapables d’identifier deux douzaines de bas du front, qui par ailleurs travaillent pour lui ? Médiocrité, petitesse et tromperie ne devraient pas être les critères requis pour prendre la tête des forces de police de la République : de Darmanin à Lallement, il est grand temps de tirer la chasse.

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Photographie d’illustration : Au cours de la manifestation du 18 novembre contre la « loi sécurité globale »
© Paris Lights Up

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