D’après l’enquête annuelle du collectif sur la mortalité des personnes ayant connu la rue, au moins 659 décès ont été recensés en France l’an dernier.
Parmi ces personnes, sans abris ou anciens sans-abris, “563 étaient sans chez soi au cours de leurs trois derniers mois de vie. Les décès recensés concernaient des personnes principalement masculines (89%). Elles étaient âgées en moyenne de 50 ans contre 79 ans en population générale.”
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© Collectif Les Morts de la Rue – Étude sur la mortalité des personnes sans domicile en 2019
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Si ces résultats restent proches de ceux observés ces dernières années, les tendances de long terme apparaissent plus préoccupantes : moins de 500 décès avaient été recensés par Les Morts de la Rue en 2012. Il est par ailleurs très difficile de connaître la trajectoire personnelle de certaines victimes du sans-abrisme, c’est pourquoi les associations et les chercheurs spécialisés estiment que le nombre de décès reste largement sous-estimé.
Cette nouvelle étude du collectif, basé dans le 19ème arrondissement de Paris, rappelle que la région Île-de-France est particulièrement meurtrie par ce fléau. Le territoire concentre à lui seul 39% des décès de personnes sans domicile en 2019, contre une proportion de 13% dans la population générale. Paris détient un triste record, avec près de 27% de tous les décès liés au sans-abrisme en France sur l’ensemble de la période 2012-2018.
L’enquête a été publiée ce lundi 2 novembre, au lendemain de la trêve hivernale relative aux expulsions locatives. Pour le collectif, “bien qu’une saisonnalité des décès existe, ces derniers ne surviennent pas uniquement durant la période hivernale et les actions d’hébergement et logement doivent se poursuivre tout au long de l’année.”
L’étude comprend une série de recommandations en vue d’améliorer le quotidien des personnes à la rue et de leur permettre de prendre un nouveau départ :
“1. Renouveler la connaissance sur la population des personnes “SDF” en France.
2. Assurer et renforcer la continuité de l’accompagnement médico-social.
3. Améliorer l’accès aux dispositifs de droit commun.
4. Renforcer le programme ‘Logement d’abord’ pour tous.
5. Prendre en compte les besoins spécifiques des femmes sans chez soi. »
Chacun de ces points est détaillé dans l’enquête et son résumé, qui évoquent des leviers d’action envisageables pour un changement de cap durable. Le collectif recommande notamment un recensement des personnes à la rue à l’échelle nationale, l’amélioration de l’accès à la domiciliation administrative et à la santé, le développement des solutions d’accueil en non-mixité, et une meilleure prise en charge des addictions et des troubles mentaux.
À quel constat peut-on s’attendre après ces derniers mois marqués par la crise sanitaire ? D’après le collectif, “l’épidémie de SARS-COV2 a mené à des actions espérées depuis longtemps (prolongement de la trêve hivernale) et des situations exceptionnelles (3/4 des appels au 115 décrochés en semaine 19). Ces quelques constats pourraient être presque réconfortants mais la réalité revient vite : suppression du secrétariat d’État à l’exclusion sociale, situation alarmante des mineurs isolés, un plan de relance de l’économie qui fait l’impasse sur les personnes les plus pauvres.”
En raison du contexte sanitaire, le collectif Les Morts de la Rue et ses soutiens ont organisé l’hommage annuel de mars dernier en format à distance. En 2019, l’événement s’était tenu au jardin Villemin (10ème arrondissement), face au canal Saint-Martin.
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Photographie d’illustration : Hommage aux Morts de la Rue en 2019 au jardin Villemin – Paris 10°
© Paris Lights Up
3 thoughts on “La mortalité précoce des personnes sans domicile toujours aussi élevée, alerte le collectif Les Morts de la Rue”