Après trois années au ralenti, le territoire du Grand Paris a accueilli près de 11,6 millions de touristes entre janvier et avril 2023, une hausse de +27,2% par rapport à la fréquentation observée sur la même période l’année précédente.
En 2019, 11,9 millions de touristes avaient découvert la capitale et ses alentours entre les mois de janvier et d’avril. Après deux années difficiles et une amorce de reprise plus qu’encourageante l’an dernier, la destination a donc quasiment retrouvé les chiffres de fréquentation enregistrés avant la crise liée au covid-19, qui avait durablement fragilisé un secteur touristique représentant aujourd’hui plus d’un emploi sur dix en région parisienne.
D’après les chiffres communiqués par l’Office du tourisme parisien, sur les quatre premiers mois de l’année, plus de la moitié des arrivées (53,3%) est due à la seule clientèle française. À travers le Grand Paris, les principaux marchés sources internationaux sont les États-Unis (13,1 % du volume total des touristes internationaux), le Royaume-Uni (7,0 %), l’Allemagne (5,8 %), l’Italie (4,9 %), et le Brésil (4,6 %). En raison des restrictions sanitaires et administratives, les clientèles asiatiques, notamment en provenance de Chine, apparaissent encore en retrait par rapport aux exercices antérieurs à la crise de 2020.
Des tarifs hôteliers records qui ne se répercutent aucunement sur les salaires du secteur
L’Office du tourisme parisien espère voir la destination accueillir “plus de 37 millions de touristes à l’échelle du Grand Paris” en 2023, contre 38,5 millions en 2019. Ces résultats s’expliquent notamment par la bonne santé du tourisme de loisirs, au contraire d’un secteur d’affaires diminué par rapport à la période pré-covid. Ainsi, la part des nuitées d’affaires dans le parc hôtelier local était de 42,3% sur le premier trimestre de l’année 2023, contre 52% en 2019. D’après les indicateurs du tourisme régional, les dépenses moyennes des visiteurs, tous profils confondus, sont cependant en forte hausse.
La situation de l’hôtellerie peut sembler à première vue paradoxale : malgré un taux d’occupation moyen de 70,6%, proche de celui enregistré sur les quatre premiers mois de l’année 2019 (72,4%), les tarifs du secteur ont atteint des niveaux rarement observés. Les prix hôteliers ont ainsi augmenté de près de +30% par rapport à l’exercice ayant précédé la crise liée au covid, pour atteindre en moyenne 188,80€. Il n’est hélas nul besoin de préciser que les salaires des travailleuses et travailleurs du secteur n’ont aucunement suivi les bénéfices engrangés par les propriétaires et gestionnaires hôteliers, dans un secteur pourtant dit “en tension”, où le recrutement n’est pas toujours aisé et le taux de renouvellement du personnel reste très important.
La flambée des prix devrait atteindre des sommets pour les Jeux olympiques et paralympiques
Alors que la flambée des prix devrait encore s’intensifier jusqu’à atteindre de nouveaux records à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de l’été 2024, pour lesquels l’Office du tourisme attend “15,9 millions de visiteurs cumulés”, force est de constater que la reprise devrait s’avérer plus excluante que jamais, loin du tourisme “responsable” ou “populaire” parfois vanté par les pouvoirs publics. En plus de voir la destination s’adresser à une clientèle de plus en plus aisée, les gains économiques liés à cette dynamique risquent de toute évidence de bénéficier uniquement aux chefs d’entreprises plutôt qu’aux salariés, aux propriétaires de meublés touristiques plutôt qu’aux véritables résidents, aux gestionnaires financiers plutôt qu’aux travailleuses et travailleurs, souvent précaires, qui sont réellement à l’origine du succès de la destination parisienne.
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Photographie : L’Île de la Cité et les bords de Seine, Paris
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