En images : Les équipes de l’hôpital Saint-Louis (10e) manifestent contre le risque de fermeture du service d’immunopathologie

Les équipes soignantes et d’anciens patients se sont rassemblés devant l’hôpital Saint-Louis (10e arrondissement) ce mardi pour alerter sur le risque de fermeture de l’un de ses services de pointe, faute de personnel et de moyens.

 

 

Une foule de blouses blanches a convergé en début d’après-midi devant l’ancienne façade de l’hôpital Saint-Louis, institution de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (APHP), à deux pas du canal Saint-Martin. Les porte-paroles des équipes soignantes se sont exprimés tour à tour au micro, après les témoignages de patients ou d’anciens patients, pour exprimer leur refus d’une menace évoquée de plus en plus régulièrement ces dernières semaines : la fermeture du service d’immunopathologie, spécialisé dans les cancers hématologiques et les maladies rares, qui accueille près d’un millier de personnes chaque année.

Dans un communiqué, un collectif du personnel juge que cette décision laisserait « un trou béant dans le dispositif de prise en charge des patients, sans offre de soin équivalente disponible ». Malgré les démentis de la direction de l’hôpital et de l’APHP, les soignants estiment « qu’il n’en reste pas moins qu’en l’absence d’infirmiers ou d’infirmières de nuit qualifiés, le service sera dans l’incapacité d’assurer la sécurité et la permanence des soins, et la fermeture sera malheureusement la seule décision responsable ».

Depuis plusieurs mois, le département compte seulement deux « postes budgétés » d’infirmières de nuit pour les 23 lits qu’accueille habituellement le service, alors que douze soignantes et soignants seraient nécessaires pour un fonctionnement optimal. Un autre départ est par ailleurs prévu dès cet été. « L’embauche d’intérimaires ne peut, à elle seule, être une solution, car la continuité et l’expertise nécessaires pour dispenser ces soins spécialisés ne peuvent être attendues d’un personnel occasionnel. Par ailleurs, la rémunération 1,5 à 2 fois celle des personnels en poste pour ces intérimaires, non soumis aux contraintes du planning, déséquilibre ces équipes déjà fragilisées », poursuit le communiqué du collectif appelant à la mobilisation de ce mardi.

La pénurie de personnels est en effet d’autant plus forte qu’une grande partie de la jeune génération fait désormais le choix de ces contrats intérimaires, généralement synonymes d’une meilleure rémunération. Une situation qui contraste avec l’attractivité en baisse de l’APHP, marquée par des conditions de travail de plus en plus difficiles, voire une situation qui se dégrade « de manière systémique ». Selon les rédacteurs de l’appel au rassemblement, « les effectifs paramédicaux ne sont pas stables, et le nombre de postes pourvus est en diminution. Entre septembre 2020 et mars 2022, le nombre de postes laissés vacants est passé de 500 à 1 400 » au sein de l’APHP.

« C’est le cas pour des dizaines de postes à l’hôpital Saint-Louis, faute de candidatures. La pénibilité du travail de nuit et ses répercussions sur la santé ne sont pas compensées par la prime de 9,63 euros brut par nuit, et la vacance de poste est beaucoup plus importante la nuit », expliquent les soignants. Devant les portes de l’institution, toutes et tous s’accordent sur les solutions à apporter pour empêcher la fermeture du service, qui pourrait en annoncer d’autres : des salaires plus attractifs à même d’encourager les recrutements, mais aussi une meilleure prise en compte de la pénibilité du travail des infirmières et infirmiers de nuit.

À l’heure actuelle, des membres des équipes de jour n’ont d’autre choix que de se relayer pour pallier aux effectifs insuffisants des équipes de nuit, déplore la Dr Jehane Fadlallah, qui travaille au sein du service menacé. Dans leur communiqué appelant au rassemblement, ses équipes estiment que « l’hôpital public est un bien commun, sa disparition menace directement la vie de nos concitoyens. Les pouvoirs publics doivent donner les moyens à l’hôpital d’assurer sa mission s’ils ne veulent pas être caution de l’effondrement du système de santé le plus performant et solidaire au monde ». Les soignants de Saint-Louis ont d’ailleurs élargi leur message pour évoquer les difficultés du secteur hospitalier dans son ensemble.

Œuvrant également au sein du service d’immunopathologie, la Dr Marion Malphettes a ainsi dénoncé, à travers une longue « liste non exhaustive », « l’indifférence générale » qui a pu accompagner la fermeture de bon nombre d’autres services à travers la France : « à Poitiers, le service de cardiologie, à Nevers, la seule maternité du département qui a fermé cette semaine, à Laval, urgences fermées à répétition, à Guingamp, fermeture du service de chirurgie, à Montauban, fermeture nocturne des urgences […] Tout ça pour une seule maladie : le manque de personnel, alors que les patients sont là. »

« Nous mettons tout en œuvre pour que le service d’immunopathologie ne ferme pas, et nous allons y arriver », assure pour sa part Vincent-Nicolas Delpech, directeur du groupe APHP Nord – Université Paris Cité auquel est rattaché l’hôpital Saint-Louis, auprès du journal Le Monde. Trois recrutements permanents et « un retour de congé maternité » seraient notamment prévus à l’automne, accompagnés de propositions financières « transitoires » pour rendre enfin plus attractifs les postes d’équipiers de nuit.

 

Photographies © Paris Lights Up

 

 

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