À l’occasion de son exposition “Alone Together”, à voir jusqu’au 14 juin à 389 La Boutique (20ème arrondissement), on vous propose aujourd’hui de partir à la rencontre de la peintre bellevilloise Emilie-Camille Achir (ECA). Dans sa dernière série, l’artiste franco-marocaine rend hommage aux Parisiennes et aux charmes de la solitude à travers une quinzaine d’acryliques.
Nichée sur les hauteurs de Belleville, à deux pas du métro Pyrénées, 389 La Boutique présente un catalogue de jeunes artistes dont les pratiques combinent illustration, pop culture, design et street art. La nouvelle adresse accueille pour une semaine encore une sélection d’œuvres d’ECA, imaginées en “réponse à la crise sanitaire” pour évoquer le rythme contemplatif des vies confinées et leurs espoirs de lendemains plus libres.
Diplômée d’un master en Art et Design de Creapole Paris, elle met à profit sa formation de graphiste pour donner vie à des intérieurs parisiens devenus refuges, délaissés par toute compagnie extérieure mais encore bercés de musiques, de peintures, et de lumières. Tout en multipliant les clins d’œil artistiques, ECA dépeint la sensualité d’une ville qui ne se dévoile plus qu’à travers le cadre des fenêtres, devenues pour un temps des tableaux comme les autres.
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Paris Lights Up : Ton exposition “Alone Together” est visible jusqu’au 14 juin à 389 La Boutique, à deux pas du métro Pyrénées. Tu pourrais nous en dire un peu plus ?
Emilie-Camille Achir : “Alone Together” regroupe une série de tableaux sur le thème de la solitude dans la capitale, notamment celle causée par la crise sanitaire. Depuis un an, je peins des femmes en mal d’amour, qui sont coincées dans leurs appartements et rêvent de liberté, de pouvoir fumer et boire en terrasse, être touchées. J’ai aussi une série de polyptyques intitulée « Les amours perdues », et qui parle de toutes les personnes qui n’ont pas pu se rencontrer car tout était fermé – parce qu’il faut être honnête, les cafés, concerts et les boites de nuits sont des lieux propices aux rencontres. J’aborde aussi d’autres sujets sociologiques avec beaucoup d’humour et de couleurs, mais je vous invite à les découvrir par vous-même.
Peux-tu nous décrire ta démarche artistique et son application créative ?
Chaque tableau raconte une histoire assez précise mais parfois ambigüe, je donne donc des indices à l’attention du spectateur pour l’aider à résoudre les mystères de mes toiles. J’aborde des sujets assez variés et pas toujours très joyeux (addiction, mal-être social, indifférence de l’État…), mais avec humour et dérision.
J’ai mon héroïne, stéréotype de la Parisienne, élégante et nonchalante, qui fume et qui boit beaucoup, épicurienne et mélancolique en même temps, qui revient sur toutes mes toiles et qui me permet de véhiculer mes messages. On y trouve aussi beaucoup de citations d’autres artistes, afin d’appuyer mon propos : Keith Haring, Combas, Niki de Saint Phalle, Courbet, etc. Techniquement parlant, mes toiles sont très inspirées par les arts graphiques, avec des aplats de couleurs vives, des contours noirs, et un langage assez universel.
La capitale et celles qui y vivent sont au cœur de ton travail – tu évoques “l’observation de la multitude de vies secrètes qui entourent le vis-à-vis parisien”.
J’habite en face d’un grand immeuble haussmannien, et c’est vraiment un spectacle vivant très inspirant, une sorte de grande pièce de théâtre .
Évidemment, le confinement a rendu ce phénomène encore plus fort, puisqu’on était tous constamment chez nous et que j’étais clairement en manque de lien social. J’ai commencé à observer les habitudes de mes voisins d’en face, je leur ai donné des noms et j’ai commencé à me faire des films sur leurs relations, leurs métiers, leurs problèmes (en bref, une vraie folle). Je me suis aussi rendu compte qu’il y avait pas mal de gens qui étaient très à l’aise avec la nudité et qui aimaient bien se montrer (certain(e)s de mes ami(e)s et le couple juste en face de chez moi !). Je trouve que ça ne manque pas de panache !
Tu vis dans l’est parisien depuis désormais cinq ans. Quels sont les quartiers, les lieux, les rues qui t’inspirent ?
Je passe le plus clair de mon temps rue Dénoyez : il y a la galerie du potier Guy Honoré, qui est tenue par Mohammed et Shirel, l’incroyable René, gérant de mon bar préféré l’Hydromel Café, le délicieux restaurant d’Édouard Le Grand Bain et sa boulangerie Le Petit Grain gérée par Natasha, la piscine, et puis tous les graffitis. Bref, pas besoin d’aller bien loin !
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Emilie-Camille Achir (ECA)
Instagram : instagram.com/moonartclub
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Exposition “Alone Together”
Du 3 au 14 juin – Lundi à samedi : 12h-20h – Entrée libre
389 La Boutique
389 rue des Pyrénées, 75020 Paris
www.389laboutique.com
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Photographies © Emilie-Camille Achir (ECA)
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3 thoughts on “Portrait d’artiste : Emilie-Camille Achir et l’esthétique de la solitude”