L’exécutif parisien présente son projet de réaménagement de la place du Colonel Fabien

Le réaménagement de la place du Colonel Fabien, au carrefour des 10e et 19 arrondissements, fait suite à un vote du Budget participatif de 2016. Chiffrés à 6,4 millions d’euros, les travaux devraient s’achever en décembre 2025.

Surplombée par la silhouette ondulée de l’Espace Niemeyer, siège du Parti communiste construit entre 1968 et 1980 d’après les plans du grand architecte brésilien, la place du Colonel Fabien est l’un des grands carrefours de l’est parisien. Prévu de longue date, le projet de réaménagement de ce rond-point particulièrement animé a été détaillé lors d’une réunion publique organisée par l’exécutif parisien le 25 janvier dernier, dans le cadre d’une “concertation débutée en 2019”. Christophe Najdovski, adjoint (Paris en Commun) d’Anne Hidalgo en charge de la végétalisation de l’espace public et des espaces verts, promet “une place accessible et végétalisée avec une forêt urbaine, des trottoirs élargis, et une piste cyclable bidirectionnelle sur tout le pourtour de la place”.

Alors que le terre-plein central du rond-point actuel et son square peuvent aujourd’hui uniquement être rejoints par des passages piétons, les plans diffusés par la municipalité prévoient un recouvrement de la chaussée entre la rue Louis Blanc et la rue de la Grange-aux-Belles. Ces voies demeureront cependant accessibles en sens unique aux véhicules à moteur, selon un format “en fer à cheval”. Une nouvelle allée piétonne devrait traverser l’espace vert agrandi depuis la rue Albert Camus, tandis que le début de la rue de Meaux, entre la place et la rue des Chaufourniers, fera elle aussi l’objet d’une piétonnisation. La mairie prévoit également d’élargir les trottoirs existants et de pérenniser les pistes cyclables qui encerclent l’extérieur du carrefour. La majorité des travaux est planifiée entre l’été 2024 et décembre 2025, pour un coût total estimé à 6,4 millions d’euros.

 

Projet de réaménagement de la place du Colonel Fabien © Ville de Paris – Janvier 2023

 

La surface des trottoirs étendue de 20%

D’après David Belliard, adjoint (Europe Écologie – Les Verts) responsable de la transformation de l’espace public, des transports, des mobilités, et de la voirie, “60% de l’espace dédié aujourd’hui à la voiture va être rendu aux piétons, aux vélos, et à la nature“. Dans sa version élargie, le parc devrait “gagner une surface de pleine terre de 800 mètres carrés”, tandis que la surface dédiée aux trottoirs passerait de 3 100 à 3 700 mètres carrés, “soit une augmentation de près de 20 %”. Alors que la place compte une quarantaine d’arbres, l’exécutif parisien promet “qu’aucun abattage n’est prévu dans le cadre du projet, qui composera avec la végétalisation existante”. Christophe Najdovski ambitionne par ailleurs d’en planter au moins “60 supplémentaires”.

Sur un espace qu’elle reconnaît être actuellement “peu approprié” à la circulation des vélos, la municipalité souhaite mettre en place une “piste bidirectionnelle de 4 mètres de large sur la chaussée, protégée par un séparateur et des refuges piétons”, ainsi que “des aménagement d’îlots pour des tourne-à-droite plus contraints”. Elle envisage aussi la construction d’une “piste bidirectionnelle de 3 mètres de large dans la traversée de la forêt urbaine, avec un aménagement moins routier”, voire “plus forestier”. La place du Colonel Fabien constitue aujourd’hui un carrefour majeur pour la circulation des deux-roues, puisqu’elle relie deux segments très empruntés du boulevard de la Villette, mais aussi l’axe de la Grange-aux-Belles, désignée pour accueillir une nouvelle “coronapiste” en 2020.

Une place rendant hommage au Colonel Fabien, héros de la Résistance

Comme dans le cas du tronçon de la Petite ceinture qui devrait ouvrir au public en 2024 dans le sud du 20e arrondissement, le terme de “forêt urbaine” reste à considérer avec précaution compte tenu des promesses de campagne de l’actuelle majorité. Cette dernière envisageait à l’occasion des dernières municipales la création de quatre « forêts urbaines » sur le parvis de l’Hôtel de ville (4e arrondissement), derrière l’opéra Garnier (9e), sur la place Henri Frenay au nord de la gare de Lyon (12e), et sur les rives de la Seine. Si les travaux étaient initialement proposés « au cours de l’année 2020 », et en dépit de la large diffusion de visuels en images numériques et autres « vues d’artistes », aucun de ces projets n’a finalement débuté. Ceux de la gare de Lyon et de l’Opéra ne verront même finalement jamais le jour, faute de faisabilité technique ou de budget.

Désignée sous le nom de place du Combat à partir de 1903, la place du Colonel Fabien est rebaptisée à la suite à la seconde guerre mondiale pour prendre le nom du premier résistant à avoir tué un occupant nazi, au cours d’une attaque à la station de métro Barbès, le 21 août 1941. Pierre Georges, alors âgé de seulement 22 ans et membre des Jeunesses communistes, devint ensuite l’une des figures emblématiques de la Résistance sous les pseudonymes de Capitaine Henri, puis de Colonel Fabien. Combattant dans les maquis de Franche-Comté, il est arrêté lors d’un contrôle à la station de métro République et livré aux occupants en 1942, mais parvient à s’évader suite à son transfert au fort de Romainville (Seine-Saint-Denis). Après sa participation à la libération de Paris en tant que responsable des Francs-tireurs et partisans (FTP) puis des Forces françaises de l’intérieur (FFI), il s’engage dans les combats visant à libérer l’est de la France. Il n’aura cependant pas la chance de voir la fin de la guerre, disparu tragiquement dans l’explosion d’une mine le 27 décembre 1944 près de Mulhouse.

 

 

Place du Colonel Fabien
75010/75019 Paris

 

 

Photographie d’illustration : La place du Colonel Fabien vue depuis le toit de l’Espace Niemeyer (Paris 10e/19e), lors des Journées européennes du patrimoine de 2021.
© Paris Lights Up

 

 

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