Portrait d’artiste : Lumière et poésie de l’eau, les aquarelles de Philippe Rozès

Nous avons le plaisir de vous présenter un entretien-portrait et une sélection d’œuvres de l’artiste Philippe Rozès, lauréat du prix Paris Lights Up attribué dans le cadre de l’exposition Les Nouveaux 2022 des Ateliers d’Artistes de Belleville.

Parisien depuis de longues années, résidant depuis peu dans le quartier de Belleville, Philippe Rozès a commencé à s’intéresser à l’aquarelle dès le collège. Alors que ses études d’ingénieur puis un travail prenant ne le destinaient pas à développer une passion artistique, il a suivi les cours du soir des Beaux-Arts de la ville de Paris à Montparnasse. Durant plusieurs années, il a reçu une formation de dessin classique d’après modèle, d’anatomie artistique, de modelage, de nature morte…  Mais c’est bien l’aquarelle qui reste son médium de prédilection.

Grâce au partenariat presse entre notre média et les Ateliers d’Artistes de Belleville, dans le cadre de l’exposition Les Nouveaux 2022 présentant les adhérentes et adhérents les plus récents de l’association, Philippe Rozès a été désigné pour recevoir le prix Paris Lights Up cette année. Il est membre cette année de l’association des Ateliers d’Artistes de Belleville, et inaugurait ce mois-ci sa première exposition personnelle dans ce cadre.

 

 

Paris Lights Up : Pourriez-vous nous décrire ce qui a guidé votre démarche artistique, notamment à travers les récentes œuvres présentées ci-dessus ?

Mon travail porte essentiellement sur le paysage. J’aime les paysages structurés – probablement une déformation d’ingénieur ! – et ma peinture est figurative. Si je suis attentif au dessin, c’est d’abord la lumière et la texture qui m’intéressent.

Qu’il s’agisse de paysages urbains ou de nature, le sujet que je retiens correspond toujours à un moment d’émotion pour moi. Je cherche à partager cette émotion, en portant une attention particulière à la lumière.

Je travaille quasi exclusivement à l’aquarelle. Des artistes majeurs comme Andrew Wyeth, Winslow Homer ou William Turner, John Singer Sargent, ou plus proche de nous Sam Szafran, Nick Alm, en ont fait un mode d’expression majeur. Mais l’aquarelle (spécialement en France) n’est finalement pas un medium très répandu ni très connu et reconnu. Il offre pourtant de nombreuses possibilités, et permet en particulier de beaux et subtils effets de lumière.

L’aquarelle me convient, et aussi, certainement, elle influence ma façon de voir les sujets. Je travaille par lavis successifs et transparents, sans utiliser de gouache opaque qui ne permet pas de produire les belles lumières que j’aime justement avec l’aquarelle. L’aquarelle transparente, tolère par contre mal les “repentirs”. Il est quasi impossible de faire apparaître une lumière dans une zone déjà peinte. Ceci me conduit à un travail de réflexion pour prévoir le déroulement de mon tableau avant de le réaliser effectivement. Je pense d’ailleurs souvent à la réalisation de ma prochaine aquarelle en m’endormant…

Quels éléments particuliers vous ont séduit dans ce médium ?

La réalisation elle-même apporte toujours sa part de hasard car elle dépend des caprices de l’eau. Cela me conduit à m’éloigner de ce que j’avais pu rêver de contrôler, à exploiter les hasards heureux des mélanges de pigments quand ils s’opèrent à même le papier.

Le jeu, et le plaisir de peindre, consistent à les exploiter dans l’instant en sachant qu’on ne pourrait jamais les reproduire précisément. Il ne peut donc pas y avoir deux aquarelles exactement identiques. Il faut alternativement être très rapide en travaillant sous la pression avant que les taches colorées ne sèchent, ou alors savoir patienter pour juxtaposer un nouveau lavis. Il y a une sorte de cuisine expérimentale qui me passionne.

Vous vivez aujourd’hui dans l’est parisien. Quels sont les quartiers, les lieux, les rues qui vous inspirent ?

J’ai grandi en Auvergne, et j’ai rejoint Paris pour mes études. J’y suis resté depuis, même si j’ai gardé le besoin de retrouver les grands espaces qui sont aussi des sources d’inspiration pour moi. Parisien d’adoption, j’ai longtemps résidé dans les quartiers ouest par commodité pour être proche de mon travail. Puis, il y a cinq ans, j’ai fait le choix de m’installer sur la colline de Belleville pour trouver l’animation et le dynamisme que je ne trouvais pas ou plus à l’ouest. C’était d’une certaine façon le choix de débuter une nouvelle vie. Je cherche parfois des sujets dans le Paris historique, mais mon grand plaisir est de m’installer boulevard de Belleville à une terrasse avec un carnet de croquis. Une vie ne suffirait pas à capturer la diversité des visages, des attitudes, des vêtements !

Ces deux années ont été plus que difficiles pour les artistes et la culture. Quel a été l’impact de ces événements sur votre pratique artistique ?

Paradoxalement, le Covid et les confinements successifs m’ont apporté la “possibilité imposée” de prendre du temps pour approfondir ma pratique. J’ai réalisé des tableaux d’après des photos prises avant que la vie du quartier ne s’arrête, en particulier des photos de bars la nuit. C’était pour moi une façon de revivre virtuellement le monde d’avant alors que nous étions enfermés. Cela m’a donné encore plus envie de profiter du retour à la vie normale, d’être le spectateur toujours étonné de l’agitation de notre quartier et du monde entier qui s’y croise.

 

 

Philippe Rozès
Instagram : instagram.com/PhilippeRozes_watercolor 
Profil AAB : ateliers-artistes-belleville.fr

 

 

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