Après les annonces de l’exécutif parisien sur sa « nouvelle doctrine pour l’aménagement de l’espace public », Jacques Baudrier, adjoint (PCF) en charge du suivi des chantiers et de la coordination des travaux, en a présenté la mise en œuvre pratique lors d’une visite de terrain dans le 20e arrondissement.

La démarche « Embellir votre quartier » a été lancée en début de mandature. Objectif : « coordonner tous les chantiers » dans des périmètres déterminés de la capitale « pour qu’ensuite, pendant au moins six ans, il n’y ait plus de travaux. Chaque arrondissement a ainsi été découpé en quartiers » comptant autour de 30 000 habitants, précise Jacques Baudrier, avec 17 secteurs déjà désignés pour une première vague de réaménagements. Ces derniers sont planifiés en lien avec les mairies d’arrondissements, responsables de mener une consultation des riveraines et riverains l’an dernier.

Dans l’est parisien, les premiers quartiers retenus pour les travaux prévus en 2022 sont :
– Paris Centre : Le Marais – Les îles
– 10e arrondissement : Quartier Saint-Vincent-de-Paul – Paradis
– 11e arrondissement : Quartier République – Saint-Ambroise
– 12e arrondissement : Quartier Jardin de Reuilly
– 19e arrondissement : Quartier Secrétan
– 20e arrondissement : Quartier Télégraphe – Pelleport – Saint-Fargeau – Fougère

Selon le maire (Paris en Commun) du 20e arrondissement Éric Pliez, présent aux côtés de l’adjoint aux travaux, le carrefour de Saint-Fargeau et ses environs ont été prioritaires en tant que « secteur qui n’était pas au cœur des projets jusqu’à présent. C’est un quartier très mixte, au cœur de l’arrondissement, et nous souhaitons en montrer les différentes facettes. Il rassemble un certain nombre de projets, avec des cours oasis et des rues aux écoles« , dispositifs imaginés par la municipalité pour réduire la place de la voiture, l’exposition à la pollution, et rendre plus sûrs les abords des établissements scolaires.

Près de 7 millions d’euros seront consacrés au réaménagement du quartier, qui devrait s’achever début avril, contre 5,5 millions en moyenne pour les 17 premiers secteurs retenus. Première étape de la visite : les travaux de la rue du Groupe Manouchian, qui bénéficiera notamment de la plantation d’une douzaine d’arbres, de trottoirs élargis, et de l’installation de « mobilier vélo ». Suite à la consultation en ligne organisée l’an dernier, rassemblant 184 contributions et 575 participants, « c’est le projet qui avait obtenu le plus de votes », explique Jacques Baudrier. La proposition d’origine envisageait « une rue végétale et artistique en hommage vivant aux 23 du Groupe Manouchian », combattants FTP-MOI et héros de la Résistance exécutés par l’occupant en 1944.

« L’objectif est de planter le maximum d’arbres » précisent Jacques Baudrier et son camarade Michel Roger, conseiller (PCF) du 20e arrondissement en charge de la voirie. « À l’échelle du quartier, ce seront environ 80 nouveaux arbres », avec des plantations prévues autour de la mi-mars, souligne Farik, surveillant de travaux à la ville de Paris. « C’est le secteur où l’on va créer le plus de rues piétonnes végétalisées » en 2022, ajoute l’adjoint à la maire de Paris chargé de la coordination des travaux avant de regretter les nombreux inconvénients du carrefour Saint-Fargeau, espace très minéral et encore largement dédié à la circulation automobile. « Il y a quelques années, une gamine a échappé de peu à un accident impliquant un véhicule venu de la rue Haxo », soupire l’élu du 20e.

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Ce sont d’ailleurs les questions de mobilités qui ont motivé les travaux en cours sur l’avenue Gambetta, avec le prolongement de la « coronapiste » apparue au lendemain du premier confinement pour relier République aux hauteurs du 20e arrondissement, par le biais d’un nouveau tronçon longeant le Père Lachaise. Le développement de ces nouvelles voies cyclables se poursuivra ainsi sur la rue Saint-Fargeau jusqu’au boulevard Mortier, mais aussi sur l’avenue Gambetta jusqu’à la porte des Lilas, concrétisation de « l’axe 8 » vers Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) du Plan Vélo, adopté l’été dernier par le conseil de la métropole du Grand Paris. Une assemblée où siège également Jacques Baudrier, en tant que « délégué au déploiement des pistes cyclables ».

Si les mobilités douces seront bien au cœur des projets de réaménagement envisagés, la municipalité assure que ces derniers ont été pensés avant tout pour les piétons, la marche restant le « premier mode de déplacement en Île-de-France », particulièrement à Paris. Dans le secteur Saint-Fargeau, « les projets les plus chers seront ceux de la rue Haxo et de la rue Pelleport, avec des espaces à piétonniser assez larges », poursuit Jacques Baudrier. Ces deux grands axes du quartier verront leurs trottoirs élargis pour accueillir de nouveaux arbres.

Au cours de sa conférence de presse du 18 janvier dernier, le premier adjoint (PS) à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, avait promis que les opérations de végétalisation seraient désormais synonymes de débitumisation. Les rues de la capitale concernées bénéficieraient ainsi de plantations en pleine terre, des « bandes végétalisées » reliant si possible entre eux les pieds d’arbres dont l’entretien est aujourd’hui tant décrié par une partie des Parisiennes et des Parisiens.

« Les gros pots, c’est fini, terminé ! », affirme Jacques Baudrier, interrogé sur ces éléments de mobilier qui se sont multipliés ces dernières années sous prétexte de végétalisation. Conscient des insuffisances des dispositifs non-pérennes, souffrant trop souvent d’un entretien insuffisant, l’exécutif souhaite créer de véritables « rues végétales, des rues jardins ». Exemple avec la petite rue Henri Dubouillon, où « le gérant du bistrot a reçu le soutien des riverains » lors de la consultation pour une piétonnisation qui comprendra la plantation de six arbres, et « la pose de barrières de part et d’autre » de la voie. Le dispositif prévoit également l’installation de « jardinières en pleine terre, équipées d’un système d’arrosage ».

La visite se conclut en remontant la rue Haxo pour rejoindre la rue des Tourelles, l’une des nouvelles « rues aux écoles » piétonnisées récemment mises en place pour protéger les plus jeunes des véhicules motorisés et de leurs pollutions chimiques ou sonores. « Le but, c’est d’atteindre 100 rues aux écoles », précise Jacques Baudrier, détaillant les adaptations nécessaires au-delà de la simple pose de barrières : « niveler le sol, installer les revêtements spécifiques choisis pour les rues aux écoles, préparer la végétalisation… »

D’après l’adjoint communiste à la maire de Paris, la première phase des chantiers « Embellir votre quartier » devrait permettre la plantation de près d’un millier d’arbres. Un rapport de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) publié en décembre 2020 estimait qu’environ 20 000 arbres pourraient être ajoutés aux rues de la capitale en tenant compte des contraintes liées à la densité de l’urbanisme parisien, notamment les réseaux souterrains. En poursuivant le rythme actuel, entre un quart et un tiers de ce « potentiel de végétalisation » pourrait donc être réalisé d’ici la fin de la mandature. Un résultat encourageant, mais bien loin des 170 000 arbres (!) promis « en six ans » par Anne Hidalgo lors de la campagne des municipales de 2020.

Les 250 « chantiers Baudrier » lancés cette année dans les 17 quartiers pionniers représenteront au total un coût de 100 millions d’euros – un chiffre qui peut sembler impressionnant au premier abord, mais reste limité pour le secteur des BTP. À titre indicatif, « le budget du Grand Paris Express, c’est 60 fois plus ! », indique ainsi l’adjoint responsable du suivi des chantiers. Non loin de là, aux portes du 20e, le projet de réaménagement du quartier de Python-Duvernois, prévu jusqu’en 2027, devrait atteindre à lui seul une enveloppe d’au moins 300 millions d’euros.

La seconde phase de la démarche « Embellir Paris » se poursuivra dès ce mois-ci dans neuf nouveaux quartiers parisiens, l’objectif étant désormais de retenir une dizaine de secteurs chaque année jusqu’à 2026. Des concertations débuteront ainsi le 17 février dans le quartier Belleville – Saint-Maur (11e arrondissement), puis quelques jours plus tard dans le quartier Danube (19e), en mars dans les quartiers Nord Louis-Blanc (10e) et Aligre (12e), et en avril dans le quartier Réunion (20e). Dans un contexte sanitaire différent de celui de 2021, des « marches exploratoires » devraient être organisées avec les riveraines et riverains dans chacun de ces secteurs.

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Périmètre « Embellir votre quartier » – Quartier Télégraphe – Pelleport – Saint-Fargeau – Fougère

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Photographies © Paris Lights Up

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