En images : Une foule nombreuse commémore le massacre du 17 octobre 1961 à Paris

Soixante ans après le meurtre de dizaines d’Algériens aux mains de la police française au cours d’une manifestation contre le couvre-feu qui leur était imposé, plus de 1 500 personnes ont défilé depuis les Grands Boulevards pour rendre hommage aux disparus et demander justice.

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Le 17 octobre 1961, entre 20 000 et 30 000 Algériennes et Algériens venus notamment de banlieue parisienne rejoignent le centre de la capitale pour signifier leur refus du couvre-feu qui vient d’être instauré par les autorités, et visant selon la désignation de l’époque les seuls « Français musulmans d’Algérie ». Malgré le caractère pacifique du rassemblement où se retrouvent de nombreuses familles endimanchées, les manifestants se heurtent à une répression policière d’une violence inouïe. Au pont de Neuilly, sur les Grands Boulevards, et sur les boulevards Saint-Michel et Saint-Germain, les agents font un usage immodéré de leurs bâtons, des coups de feu étant également tirés alors que la nuit tombe.

« La répression fut brutale, violente, sanglante. Près de 12 000 Algériens furent arrêtés et transférés dans des centres de tri au Stade de Coubertin, au Palais des sports, et dans d’autres lieux. Outre de nombreux blessés, plusieurs dizaines furent tués, leurs corps jetés dans la Seine », écrit la présidence de la République dans un communiqué publié dans le cadre des commémorations de cette journée. Si Emmanuel Macron a estimé que « les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République », les manifestants jugeaient quant à eux, comme bon nombre d’historiens, que la responsabilité du massacre n’était pas limitée à celui qui était alors préfet de police de Paris – et sera condamné et incarcéré en 1998 en raison de sa collaboration avec l’occupant durant la seconde guerre mondiale.

Demandant la reconnaissance d’un crime d’État, et de véritables conséquences pour les responsables de ce « massacre colonial », le cortège a également appelé à l’ouverture complète des archives liées à la guerre d’Algérie, sur les deux rives de la Méditerranée. Accompagnés de drapeaux et de banderoles, au rythme de slogans revendicateurs, des manifestantes et manifestants algériens et franco-algériens ont par ailleurs fait de l’événement un réquisitoire contre le régime au pouvoir à Alger. Inspirés par le mouvement de contestation du Hirak, aux échos de chants appelant à mettre « à bas la dictature », ils ont notamment demandé la libération des détenus politiques, leurs portraits en couleurs se mêlant aux clichés en noir et blanc des disparus de 1961.

Outre des associations algériennes et franco-algériennes, la marche du souvenir de ce dimanche a rassemblé de nombreuses associations (dont Attac, MRAP, UJFP, SOS Racisme) ainsi que des représentants de plusieurs syndicats et partis politiques de gauche (Europe Écologie – Les Verts, France Insoumise, Lutte Ouvrière, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste). L’ancien maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë fut le premier élu français d’envergure nationale à reconnaître le massacre subi par les manifestants du 17 octobre 1961 aux mains de la police française. Dès sa première année de mandat, quarante ans après les faits, une plaque commémorative fut apposée à l’angle du pont Saint-Michel. Cette dernière a été remplacée en 2019 par une stèle plus visible, réalisée par le sculpteur Gérard Collin-Thiébaut.

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Photographies © Paris Lights Up

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3 thoughts on “En images : Une foule nombreuse commémore le massacre du 17 octobre 1961 à Paris”

  1. Vous n’avez pas vu donc le Nouveau Parti Anticapitaliste avec Olivier Besancenot, le POI, le POID, ni les associations féministes.

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