Après quatre ans de rénovations, l’institution dédiée à la mémoire de la capitale accueillera de nouveau le public à partir du samedi 29 mai prochain. L’accès au musée Carnavalet reste gratuit pour les petits budgets : une autre bonne raison de redécouvrir ses riches collections, avec près de 625 000 œuvres dont 3 800 exposées, ainsi que son exceptionnel écrin architectural.
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Quatre ans de travaux, pour un budget total de 58 millions d’euros, auront été nécessaires afin de finaliser la restauration du musée Carnavalet. Plus ancienne institution muséale rattachée à la ville de Paris, il ouvre au public en 1880 dans un hôtel particulier du 16ème siècle, avant une extension en plusieurs étapes comprenant l’ajout de nouvelles ailes et l’annexion de bâtiments environnants. Le musée compte aujourd’hui plus de 4 000 mètres carrés de surfaces d’exposition réparties sur près de 34 salles, auxquelles il faut ajouter 2 400 mètres carrés de cours et de jardins.
Pour la directrice du musée, Valérie Guillaume, cette rénovation d’envergure renforce la vocation première du musée, “proposer un voyage à travers le temps, tout en racontant des histoires toujours vivantes”. Devant la presse réunie ce jeudi, elle évoque également les efforts réalisés pour “magnifier l’édifice, avec plus de lumières naturelles, et une mise en valeur des vues sur les cours alentours”.
La remise à neuf de l’institution a été conduite par l’agence Chatillon Architectes, associée au studio norvégien Snøhetta, et à l’agence NC – Nathalie Crinière pour la scénographie. D’après cette dernière, “il ne s’agissait pas de réaliser un grand geste scénographique, mais d’apprendre à apprivoiser ce musée, d’en explorer tous les recoins. Loin d’imposer notre vision, nous souhaitions accompagner quelque chose qui était déjà là : tout changer sans rien changer, en travaillant dans les interstices du monument”.
L’architecte en chef des monuments historiques François Chatillon, également présent pour détailler la restauration à la presse, confirme cette volonté de “s’inscrire dans la continuité historique, sans rejeter la modernité”. Il évoque ainsi “de petites interventions très actuelles”, avec par exemple l’ajout d’élégants escaliers, mais aussi d’ascenseurs et de rampes pour les personnes à mobilité réduite. La présentation des œuvres a elle aussi été au cœur de ce “travail collectif”, en proposant avant tout un musée “ouvert à tous ses publics” donnant “la priorité à l’accessibilité” : généralisation des textes en braille, dispositifs interactifs, sans oublier un dixième des œuvres accroché à hauteur d’enfant et équipé de cartels spécifiques.
Les collections ont également gagné de nouveaux espaces à la faveur de cette remise à neuf. Fermées au public “depuis la veille de la première guerre mondiale”, les caves du musée remises au normes accueillent désormais les salles archéologiques du nouveau parcours, privilégiant “la chronologie pour principe de base”. Cette accessibilité retrouvée des sous-sols leur permet d’exposer des objets datés du mésolithique et du néolithique, dont beaucoup sont issus des fouilles de Paris-Bercy réalisées au début des années 1990, avant d’aborder l’épopée de Lutèce et la romanisation de la capitale.
Au fil de ce nouvel itinéraire, on retrouve tour à tour les différentes époques qui ont marqué Paris : les églises et catacombes du Moyen-Âge, la prise de la Bastille et l’avènement de la République, les révolutions du XIXème siècle, la Belle Époque et ses fastes, jusqu’à une mise à jour bienvenue présentant quelques épisodes plus récents, comme mai 68 et les premières campagnes électorales pour la mairie de Paris. Un accent inédit sur “l’histoire du temps présent (depuis 1977)”, guère évoquée dans le parcours de visite antérieur.
Même les Parisiennes et les Parisiens habitués du musée auront l’occasion de faire bien des découvertes, puisque “60% des œuvres exposées étaient jusqu’ici conservées dans les réserves”. Les salles rouvertes au public présentent au total 3 800 pièces, qui ont toutes fait l’objet d’une restauration. Depuis la fermeture d’octobre 2016, plus d’une centaine d’expertes et d’experts ont participé à cet effort “sans précédent” de mise en valeur, mené par la DRAC Île-de-France et la direction des collections de Paris Musées “pour un budget de 4,4 millions d’euros”.
L’équipe du musée Carnavalet promet “des rotations régulières et une gestion dynamique des collections”, qui rassemblent aujourd’hui près de 625 000 œuvres. Trois expositions temporaires sont d’ores et déjà prévues. Du 15 juin au 31 octobre, on retrouvera “Revoir Paris », consacrée au photographe Henri Cartier-Bresson et “revisitant les liens tissés par l’artiste avec une ville où il a toujours habité et qui l’a nourri artistiquement”. Du 15 décembre 2021 au 10 avril 2022, “Marcel Proust – Un Roman Parisien” verra le musée célébrer le 150ème anniversaire de la naissance de l’écrivain. Enfin, au printemps 2022, “Parisiennes Citoyennes ! 1789-2000” s’intéressera aux habitantes de la capitale et à leur rôle dans l’histoire des mouvements féministes.
Malgré l’engouement accompagnant le retour des lieux culturels, la réouverture des institutions muséales parisiennes intervient dans un contexte social difficile. Mobilisés contre l’application locale de la “loi de transformation de la fonction publique” du gouvernement, qui pourrait les voir travailler près de huit jours de plus chaque année, de nombreux agents de la ville de Paris ont manifesté entre Voltaire et l’Hôtel de ville ce jeudi. La veille, les catacombes de Paris étaient fermées en raison du mouvement de grève, tandis que certaines bibliothèques parisiennes anticipaient déjà l’impossibilité d’accueillir le public cette semaine. Dans une pétition adressée à la maire de Paris, l’intersyndicale appelle la municipalité à “refuser toute régression sociale” et “utiliser toutes les possibilités afin de ne pas augmenter le temps de travail des agents”.
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Musée Carnavalet
23 Rue de Sévigné, 75003 Paris
+33 (0)1 44 59 58 58
www.carnavalet.paris.fr
Mardi à dimanche : 10h-18h
Accès gratuit aux collections permanentes – Contributions bienvenues
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Photographies © Paris Lights Up – Courtesy Musée Carnavalet
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One thought on “En images : Réouverture du musée Carnavalet, des millénaires d’histoire parisienne au cœur du Marais”