Cygnes de la Villette : l’association Paris Animaux Zoopolis dépose plainte contre X et la mairie

L’association de protection animale estime notamment que la mairie de Paris n’a pas été à la hauteur de ses responsabilités pour protéger l’environnement des cygnes. Deux des petits avaient été retrouvés sans vie dans le canal de l’Ourcq en octobre.

Paris Animaux Zoopolis vient de déposer plainte auprès du procureur de Paris suite à “l’affaire des cygnes” de la Villette. Pour rappel, deux d’entre eux avaient été retrouvés morts fin octobre sur les eaux du canal de l’Ourcq qui les avait vus naître.

Expliquant que le premier corps “n’a pas été autopsié mais jeté à la poubelle par la brigade fluviale”, l’association avait récupéré celui du second cygneau, retrouvé une semaine plus tard dans le canal à la hauteur du Cabaret sauvage. PAZ l’a ensuite confié au Laboratoire Régional du Suivi de la Faune Sauvage de Bondy afin de réaliser une autopsie, cette dernière ayant conclu à un “traumatisme très important (choc violent) suivi d’une hémorragie interne qui a entraîné la mort du sujet”.

C’est dans ce cadre qu’une première plainte a été déposée contre X, l’association privilégiant l’hypothèse d’un “acte malveillant volontaire”. PAZ met en avant une “violation de l’article L411-1 du code de l’environnement pour destruction d’une espèce protégée et une violation de l’article 521-1 du code pénal pour sévices graves ou acte de cruauté envers un animal”.

Au-delà de cette actualité tragique, l’association estime que toutes les conditions n’étaient malheureusement pas réunies ces derniers mois pour permettre l’épanouissement des cygneaux. “PAZ a suivi depuis le début la couvée d’Odette et Siegfried ainsi que les naissances. Aux côtés des habitants, nous les avons vus grandir. Cette famille de cygnes a mis du baume au cœur aux habitants du 19ème durant la période difficile du confinement. C’est une grande tristesse de constater que la ville de Paris n’a pas été capable de les protéger, […] trois mois après l’hécatombe du bois de Boulogne” qui avait déjà vu la disparition d’une dizaine de cygnes.

Le second volet de la plainte, qui concerne donc cette fois-ci la mairie de Paris, est également basé sur l’article L411-1 du code de l’environnement. L’association met en cause le retrait des barrières de sécurité protégeant le nid des cygnes pendant plusieurs jours à partir du 14 octobre, et la mise en place de grillages sur ce même radeau végétalisé du canal de l’Ourcq, réduisant fortement l’espace disponible pour les oiseaux. PAZ estime que ces décisions ont “perturbé intentionnellement l’habitat des cygnes et altéré leur aire de repos”, en contradiction avec l’article R415-1 du code de l’environnement. Par cette plainte, l’association “souhaite envoyer un signal fort à la ville de Paris. Une ligne rouge a été franchie”.

La protection des habitats des animaux liminaires doit être prise au sérieux par les institutions”, rappelle Amandine Sanvisens, co-fondatrice de PAZ. Elle demande aujourd’hui “la mise en place d’un campagne de sensibilisation via les réseaux sociaux, le magazine Paris 19e et par voie de presse pour expliquer le mode de vie des cygnes, rappeler qu’ils sont une espèce protégée”. Les Parisiennes et les Parisiens constatent ainsi régulièrement que trop de personnes continuent à nourrir les cygnes, notamment avec du pain, ce qui peut entraîner leur décès. Il est urgent pour la ville de se doter d’une signalétique informative pour éduquer le public au respect de la faune locale : un constat qui s’étend par ailleurs au reste des canaux, aux rives de la Seine, et à tous les lacs des parcs et bois parisiens.

L’association de protection animale PAZ réitère également son appel à la sanctuarisation de la darse du Rouvray, autre canal plus discret de la Villette. Le projet comprendrait le déplacement du radeau végétalisé sur ce site plus à l’abri, l’interdiction de l’accès au grand public et de la pratique de la pêche depuis les rives du canal, et son nettoyage régulier en lien avec des associations.

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© Paris Animaux Zoopolis

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Ce projet requiert d’ailleurs une coopération entre la ville de Paris, responsable des canaux, et l’Établissement public du parc et de la Grande Halle de la Villette (EPPGHV), chacun étant propriétaire d’une moitié du site. Or, d’après PAZ, un projet d’ouverture de la darse au public serait au contraire à l’étude du côté la Villette, institution sous tutelle administrative de l’État et du ministère de la Culture. L’établissement a été contacté par notre rédaction pour plus de précisions.

L’adjoint à la maire de Paris (EELV) chargé de l’environnement et de la biodiversité, Christophe Najdovski, s’est exprimé hier à ce propos auprès du Parisien. “Nous souhaitons nous aussi évoluer vers plus de protection de la faune sur ce site. Mais nous ne sommes pas seuls décisionnaires. Nous sommes en discussion avec l’État sur ce dossier”, explique-t-il.

Avant les élections municipales, sa prédécesseure Pénélope Komitès s’était prononcée en faveur du projet de sanctuarisation de la darse, précisant même que la maire de Paris Anne Hidalgo et le maire du 19ème arrondissement François Dagnaud, tous deux réélus en juin, y étaient également favorables. Les négociations n’auraient-elles guère avancé au cours des six derniers mois ?

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En espérant une concrétisation rapide de ce beau projet pour les futures générations de cygnes et tous les autres animaux qui peuplent les canaux parisiens, concluons tout de même sur une bonne nouvelle. Retrouvé très affaibli aux alentours de la Cité des Sciences le 7 novembre, le troisième et dernier cygneau d’Odette et Siegried a pu être confié à l’association Faune Alfort par PAZ. “Il va aujourd’hui beaucoup mieux” après avoir été relâché sur les eaux de la Seine, dans le département de l’Essone, il y a deux semaines.

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Photographie d’illustration : trois des cygneaux du canal de l’Ourcq et l’un de leurs parents, Paris 19° – Mai 2020
© Paris Lights Up

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