Ouverte depuis un mois entre le Père Lachaise et la place de la Réunion (20e), cette nouvelle adresse entend bien associer l’esprit des petits bistrots parisiens avec une programmation culturelle à la fois éclectique et engagée.
C’est un lieu pas comme les autres qui a pris forme ces derniers mois sur la place Melina Mercouri, enclave paisible recouverte de pavés nichée à l’angle de la rue de Bagnolet et de la rue des Pyrénées. Le nouvel établissement cofondé par Chérif Beldjoudi, à l’origine du bistrot voisin Quartier Rouge, propose de “retrouver un esprit de café de quartier” en associant “une carte faite maison, des produits de saison, et une petite cave” avec des rencontres culturelles et solidaires, comme des concert de jazz, des expositions, ou encore des ateliers sportifs et théâtraux.
Les amatrices et amateurs de chansons populaires et révolutionnaires reconnaîtront le nom et le logo de la compagnie de chant et de théâtre Jolie Môme, “des copains de Chérif”, aujourd’hui résidents du théâtre de la Belle Étoile à Saint-Denis. Jolie Môme était aussi le nom de son premier café, encore ouvert il y a une dizaine d’années sur les hauteurs du square Bolivar, à l’orée des Buttes-Chaumont (19e). Exilé de son Alger natal pour son militantisme et ses convictions politiques, devenu figure de la rue de Bagnolet depuis l’ouverture du Quartier Rouge en 2015, le cafetier compte bien maintenir la barre “à gauche toute” en faisant de sa dernière adresse un lieu engagé.
La peinture de rue mise à l’honneur
En 2020, dès les débuts de la crise liée au covid-19, les équipes de l’établissement voisin s’étaient distinguées en préparant chaque jour des centaines de repas, notamment destinés aux personnels soignants et aux familles précaires. Alors que Jolie Môme ambitionne bien de répliquer de telles actions solidaires – la mise en place d’un système de “repas suspendus” pouvant bénéficier aux personnes en difficulté est ainsi annoncée – l’agenda culturel de cette “cantine populaire” se déploie déjà quelques semaines seulement après son ouverture.
La programmation est animée par les membres d’une association locale, qui se donnent pour objectif de “redessiner la pratique d’un lieu le temps d’un café, d’un verre, ou d’un repas”. Lors de notre passage ce jeudi 11 mai, c’est le graffiti qui était à l’honneur avec une double performance artistique sur les vitrines du bistrot. Pour les quarante ans de sa création, on peut d’abord y retrouver la célèbre silhouette de “l’homme blanc” de Jérôme Mesnager, figure de la peinture de rue parisienne, dont les habitués reconnaîtront la fresque ocre signée en 1995 sur un immeuble de la rue de Ménilmontant.
Une nouvelle terrasse sur une placette piétonne
À ses côtés, c’est l’artiste Adey qui complète sa dernière œuvre sur la vitrine qui dévoile son exposition, “récit pochoiriste” autour du lapin et de ses représentations artistiques “à travers la mythologie, la littérature, ou encore le cinéma”, visible jusqu’au début du mois de juin prochain. Une charmante mosaïque d’animaux aux grandes oreilles ayant fait appel à “une technique en multi-layers, avec plusieurs pochoirs et l’utilisation de pas moins de 36 couleurs” : l’occasion d’un détour artistique avant de prendre un verre au comptoir voisin, “trouvaille” dénichée dans un ancien café de Seine-Saint-Denis qui fait déjà la joie de Chérif Beldjoudi.
Si la programmation du lieu sera annoncée régulièrement, il est bien un autre événement que les premiers amateurs du lieu attendent avec impatience : “l’extension prochaine de la terrasse”, complément bienvenu à la grande salle du café et à la pièce plus petite dédiée aux expositions. L’arrivée des beaux jours permettra ainsi de mettre pleinement à profit l’agréable placette étendue devant Jolie Môme, un lieu garanti 100% sans voitures : la pinte de bière y est proposée à partir de 5 euros, le café allongé à 2 euros, et la carte compte plusieurs choix végétariens.
Jolie Môme
Mardi à samedi : 10h-minuit – Dimanche : 10h-20h
3 place Melina Mercouri, 75020 Paris
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Photographies © Paris Lights Up