À une semaine du premier tour de l’élection présidentielle, syndicats, formations de gauche, et mouvements antifascistes appellent à une nouvelle mobilisation « contre la banalisation des discours d’extrême droite, de ses candidats, et de ses idées ».

Une semaine après le rassemblement contre le meeting nationaliste du Trocadéro, une manifestation de plus grande ampleur est prévue ce dimanche après-midi au départ de la place de la République. Les signataires de l’appel rassemblent une cinquantaine d’organisations engagées pour les droits humains et contre le racisme, réunissant de nombreux syndicats (la CGT, Solidaires, Fédération syndicale étudiante, Fédération syndicale unitaire, Syndicat des avocats de France), des formations politiques de gauche (France insoumise, Jeunes écologistes, Nouveau Parti anticapitaliste, Parti communiste), et diverses associations, comme Droit au Logement, Nous Toutes, SOS Racisme, et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples.

« Voilà des mois que l’on voit se multiplier dans le débat public des discours haineux, racistes, islamophobes, antisémites, sexistes, et LGBTIphobes, notamment incarnés par Zemmour et Le Pen. Discours mis en avant dans les médias de milliardaires comme Bolloré », rappelle le texte de l’appel. « Ces deux candidats à la présidentielle sont notamment soutenus par des groupuscules racistes ultra-violents. Ils entretiennent une certaine proximité avec ces milices d’extrême droite regroupant des complotistes, des royalistes, et des néo-nazis. »

La dernière ligne droite de la campagne présidentielle s’est accompagnée d’une multiplication des provocations et des attaques fascistes, à commencer par le lâche assassinat du rugbyman argentin Federico Martín Aramburú commis le 19 mars dernier par un groupe de suspects comprenant Loïk Le Priol, ex-militaire et membre du GUD, organisation d’extrême droite connue pour ses actions violentes. D’après les informations disponibles, le sportif de 42 ans a été tué de quatre balles dans le dos. Son meurtrier présumé avait immédiatement pris la fuite, avant d’être arrêté en Hongrie quelques jours plus tard.

Samedi 26 mars, de jeunes militants écologistes ont également indiqué avoir été « victimes d’une agression à la ceinture et au poing américain par des militants d’extrême droite à Paris », aux abords de l’île de la Cité (4e arrondissement). Comme les antifascistes, les « Jeunes & Jadot » ont considéré dans un communiqué que « cette attaque violente est la plus claire illustration des conséquences de la montée des paroles de haine encouragées par l’extrême droite et les candidatures Zemmour et Le Pen ».

Moins récemment, en juin 2020, des militants fascistes des Zouaves Paris s’étaient par ailleurs illustrés en attaquant en plein jour, « armés de manches de pioche », les clientes et clients du Saint-Sauveur, emblématique bar antifa du quartier populaire de Ménilmontant (20e arrondissement). L’agression avait eu lieu à la veille des commémorations des sept ans de la mort de Clément Méric, militant de gauche assassiné par l’extrême droite à Paris à l’âge de 18 ans. En janvier dernier, le meneur des Zouaves a été condamné à un an de prison ferme pour cette attaque contre l’établissement de la rue des Panoyaux.

Pour les signataires de l’appel à manifester, les discours et les actes de haine ne se limitent plus aux franges jadis jugées « infréquentables » des formations et groupuscules nationalistes. Ils ciblent également les « candidats de droite dure, comme Pécresse, repren[ant] les discours racistes en vogue espérant obtenir des voix à l’extrême droite ». Après la dissolution du Groupe Antifasciste Lyon & Environs prononcée le 30 mars dernier par l’exécutif, les organisations à l’initiative du rassemblement estiment par ailleurs que « le poids politique de l’extrême droite influence jusqu’au gouvernement : interdiction des manifestations, répression, dissolution de collectifs antiracistes, antifascistes, ou de solidarité avec la Palestine, etc. Ce cours autoritaire contribue également à renforcer l’extrême droite alors que les politiques antisociales sont le terreau sur lequel elle peut progresser ».

« Nous ne nous laisserons pas intimider par l’extrême droite et nous ne laisserons pas les discours racistes s’exprimer en toute impunité. Il faut que nous soyons nombreux et déterminés à leur faire face », concluent les signataires de l’appel, qui réunit aussi les principales organisations de jeunesse antifascistes de la région parisienne, notamment la Jeune Garde, le Collectif antifasciste étudiant, Paris Queer Antifa, ou encore Young Struggle.

 

Manifestation contre l’extrême droite et ses idées
Dimanche 3 avril à 14h – Place de la République, Paris
Événement FB

 

 

Photographie © Paris Lights Up