Giuseppe Belvedere, “l’homme aux pigeons” du Centre Pompidou, est décédé

Bien connu des touristes comme du voisinage, cet homme âgé passait la nuit dans un véhicule insalubre depuis une dizaine d’années. L’Unité d’Assistance aux Sans-Abri (UASA) de la ville de Paris a constaté son décès sur place dans la soirée du mercredi 12 janvier.

D’après nos informations, Giuseppe Belvedere était septuagénaire et originaire de Calabre. Il aurait vécu près de la moitié de sa vie à Paris, dont il nourrissait inlassablement les pigeons. Figure du centre de la capitale, il avait notamment pour habitude de distribuer des graines aux oiseaux sur le parvis du Centre Pompidou. Il a fait l’objet de photoreportages et d’au moins un film documentaire.

D’après plusieurs personnes qui le soutenaient à travers des pétitions aux élus, des appels aux dons, et un collectif en ligne, “l’homme aux pigeons” vivait à la rue à la suite d’une expulsion de son logement, où il avait déjà pris pour habitude de recueillir des oiseaux blessés. Il dormait dans son véhicule depuis plus de dix ans : d’abord dans une voiture, puis dans une camionnette immobilisée rue Beaubourg, derrière le Centre Pompidou. S’il était visité par plusieurs soutiens et connu des associations d’assistance aux sans-abri, sa présence n’était pas forcément bien vue de tous les habitants du quartier, et il aurait été agressé à plusieurs reprises.

Après la confirmation de son décès par des responsables de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris et des agents de police, le corps de Giuseppe Belvedere a été transporté à l’Institut médico-légal de la capitale. D’après nos informations, son véhicule a été retiré de son emplacement et les pigeons soignés qui s’y trouvaient confiés à des personnes de sa connaissance, engagées pour la cause des oiseaux.

D’après la dernière enquête du collectif Les Morts de la Rue, au moins 528 décès de personnes ayant connu la rue ont été recensés en France l’an dernier (au 23 décembre 2021). Elles et ils avaient en moyenne 48 ans – près de trente de moins que l’âge de décès observé dans la population française en général. Lors d’un précédent hommage, le collectif Les Morts de la Rue rappelait que “durant les trois derniers mois avant son décès, chacune de ces personnes a vécu majoritairement dans des lieux non faits pour l’habitation, ou en centre d’hébergement d’urgence ou temporaire”.

Il est très difficile de connaître la trajectoire personnelle de certaines victimes de la rue, c’est pourquoi les associations et les chercheurs spécialisés considèrent que le nombre de décès recensé reste largement sous-estimé. Publié en novembre 2021, le dernier rapport annuel du collectif, par ailleurs basé dans le 19e arrondissement de la capitale, rappelait à quel point la région Île-de-France est meurtrie par ce fléau. Le territoire concentrait à lui seul 45% des décès de personnes sans domicile en 2020, contre une proportion de 13,5% des disparitions dans la population générale. Paris détient un triste record départemental, avec près de 27% de tous les décès liés au sans-abrisme en France sur l’ensemble de la période 2012-2018.

Rappelant que “vivre à la rue tue”, le collectif Les Morts de la Rue fournit dans sa dernière enquête une liste de recommandations “dont la principale est la juste application du droit existant, notamment au niveau administratif – le droit à la domiciliation n’est pas effectif sur l’ensemble du territoire, tout comme l’accès à la demande d’asile, le tout numérique mis en place dans les préfectures et sous-préfectures renforce les inégalités envers les plus vulnérables”. Il préconise aussi de “prévenir la perte de logements et les expulsions locatives”, précisant que leurs conséquences “sont multiples ; à la fois psychologiques, sociales, et sanitaires. Elles renforcent la vulnérabilité de ces personnes déjà en situation précaire et les conduisent dans certains cas à un parcours d’errance”.

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Photographie : Le Centre Pompidou en novembre 2021
© Paris Lights Up

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One thought on “Giuseppe Belvedere, “l’homme aux pigeons” du Centre Pompidou, est décédé”

  1. Je suis profondément triste de la mort de monsieur Belvédère. D’autant plus, qu’en tant d’artiste, je préparais une peinture m’inspirant de sa vie. Je voulais lui remettre une copie en espérant lui faire plaisir. Si vous souhaitez la voir, vous pouvez consulter mon site sergecasto.com où Instagram. Paix à son âme.

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