Alors que la fin de la période de confinement se profile, un collectif réunissant une vingtaine de tiers-lieux et centres culturels de région parisienne signe une lettre ouverte pour partager expérience et savoir-faire en vue d’imaginer le “monde d’après.”
Plusieurs des lieux signataires contribuent à la vie culturelle de l’Est parisien : le Collectif Curry Vavart (Villa Belleville), Ground Control, Ici Montreuil, Maïf Social Club, Maison Montreau, La Marbrerie, Le Pavillon des Canaux, Le Onzième Lieu, La REcyclerie, ou encore La Station – Gare des Mines.
Nous reproduisons ici cette lettre ouverte :
“Les tiers-lieux culturels du Grand Paris, unis et solidaires face à la crise sanitaire, pour construire ensemble la société d’après le 11 mai.
lieux de curiosité,
lieux hors normes,
lieux ouverts,
lieux écolos,
lieux vivants,
lieux alternatifs,
lieux d’événements,
lieux de création,
lieux de culture et d’agriculture,
lieux de partage,
lieux à la mode,
lieux d’accueil,
lieux de résidence,
lieux de résistance,
lieux de construction,
lieux de fêtes,
lieux de travail,
lieux de solidarité,
lieux de convivialité,
lieux de commerce,
lieux d’échanges,
lieux retapés, recyclés, réhabilités,
lieux de rencontres,
les tiers-lieux culturels partagent la foi, l’enthousiasme et l’énergie de changer le monde.
Chacun porte un message environnemental, artistique, social et culturel.
Ce sont des associations, des coopératives, des collectifs d’artistes, des entreprises de l’économie environnementale sociale et solidaire et des acteurs privés.
Ils attirent et réunissent tous les jours des dizaines et des centaines de femmes et d’hommes qui viennent y travailler, y créer, expérimenter, ou qui viennent découvrir, échanger, rencontrer : actif.ve.s, inactif.ve.s, jeunes ou vieux, voisin.e.s, ami.e.s, entrepreneur.se.s, makers, militant.e.s, fêtard.e.s, artistes, artisan.e.s, jardinier.e.s, agriculteur.trice.s, éducateur.trice.s, animateur.trice.s, cuisinier.e.s, sportif.ve.s, penseur.se.s, bénévoles, commerçant.e.s, inventeur.se.s, salarié.e.s du privé, agents de la fonction publique, indépendant.e.s, collectifs.
Aujourd’hui fermés pendant le confinement, ils restent debout et contribuent à la solidarité face à la crise, aux côtés des acteurs du champs sanitaire, social, éducatif, en mettant à disposition leurs ressources humaines et matérielles sur le territoire : distribuer des repas aux soignant.e.s ou aux plus fragiles, fabriquer des visières, des masques, soutenir les circuits courts et l’agriculture biologique, organiser des collectes solidaires de denrées, de matériel informatique, de blouses…
Comme beaucoup d’acteurs, les tiers-lieux subissent des pertes importantes à cause de la crise. Nombreux sont menacés de disparaître. Malgré le soutien des propriétaires fonciers, des collectivités, parfois de mécènes, leur économie repose principalement sur les services qu’ils proposent à des tarifs accessibles à tous : la mise à disposition d’espaces de travail et de ressources mutualisées, l’offre culturelle, la programmation événementielle, la restauration.
Pendant ce temps, dans la presse et sur la toile, on pense, on invente, on imagine “le monde d’après”.
Aussi singuliers que nous soyons, nous pensons qu’il est urgent et impératif de nous unir pour parler d’une seule voix :
Les tiers-lieux sont déjà le monde d’après
Ils proposent localement des modes de vie respectueux de l’environnement, solidaires, durables, à l’échelle de leur quartier ou de leur ville.
Prenez le tiers-lieu le plus proche de chez vous, regardez ce qu’il fait quotidiennement pour contribuer à la recherche ou à la mise en œuvre de solutions économiques et sociales à la crise environnementale et inégalitaire que nous vivons depuis 2008.
Les tiers-lieux culturels rassemblent déjà celles et ceux qui font la ville et que la société et les villes cloisonnent.
Ils sont déjà les lieux où l’on parle d’écologie en réunissant autant de novices que d’averti.e.s.
Ils sont déjà des lieux d’expérimentation de nouveaux modes de travailler et d’entreprendre.
Ils sont déjà des lieux de création et de diffusion culturelle alternative.
Ils sont déjà des lieux d’inclusion et de mixité sociale.
Ils sont déjà des lieux de résilience et d’engagement.
Avec vous toutes et tous, citoyen.ne.s, entreprises et collectivités, construisons localement la société d’après le 11 mai.
Nous sommes
Le 6B (Saint-Denis), La Cité Fertile (Pantin), Les Cinq toits (Paris 16), La Clef Revival (Paris 6), La Constellation (Paris 2), Le Collectif Curry Vavart (Paris 18 – Paris 20), Grands Voisins (Paris 14), Ground Control (Paris 12), Ici Montreuil (Montreuil), Igor (Paris 18), Maïf Social Club (Paris 3), Maison Marceau (Paris 8), Maison Montreau (Montreuil), La Marbrerie (Montreuil), La Mine (Arcueil), La PADAF (Antony), Le Pavillon des Canaux (Paris 19), Le Onzième Lieu (Paris 11), La REcyclerie (Paris 18), La Station – Gare des Mines (Paris 18), Vive les Groues (Nanterre 92).
Cette lettre ouverte émane de quelques acteurs du Grand Paris dans le cadre d’une démarche de proximité. Nous appelons de nos vœux à ce qu’il soit élargi à tous les tiers-lieux culturels pour que chacun.e se mobilise dans la construction locale de la résilience.
Vous souhaitez vous y associer, écrivez-nous à tierslieuxculturelsgrandparis@gmail.com
Les tiers-lieux culturels en chiffres en 2019 (17 répondants signataires)
• plus de 10,9 millions de visiteurs en 2019
• 247 emplois à temps plein directs
• 6 830 personnes résidentes ou hébergées (artistes résidents, entrepreneurs, co-working, hébergement d’urgence)
• 73% sont ouverts 7/7 jours
• 55 445 m2 d’espaces mis à disposition des visiteurs et résidents,dont 13 100 m2 d’espaces extérieurs (jardins, potagers, etc), plus 2 salles de cinéma
• 6 activités au minimum sont référencées par tiers-lieu culturel, parmi lesquelles
1. Programmation artistique et culturelle
2. Café-cantine-bar
3. Location événementielle
4. Diffusion artistique
5. Co-working
6. Ateliers de sensibilisation, de médiation culturelle
7. Résidences d’artistes
8. Formation
9. Fablabs, makerspace, ateliers de réparation
10. Commerce éthique
11. Ferme, jardin potager
12. Hébergement d’urgence”