Une action d’occupation des bureaux de Pôle emploi à Montreuil était organisée ce mercredi pour protester contre le déménagement de l’agence, et dénoncer la précarisation croissante liée aux réformes de l’assurance chômage.
À Montreuil (Seine-Saint-Denis), mais aussi à Lorient (Morbihan), Lille (Nord), et Marseille (Bouches-du-Rhône), des occupations simultanées d’agences Pôle emploi ont eu lieu mercredi 28 décembre à partir de 10h, à l’initiative de syndicats et collectifs de personnes au chômage. Notamment soutenues par la CGT Pôle emploi et la CGT Chômeurs, ces actions se donnaient pour objectif de “dénoncer les réformes assassines du gouvernement et la casse du service public de l’emploi”. Une banderole “Guerre au chômage, pas aux chômeurs” a été installée devant le site dans la matinée.
“Depuis novembre 2021, et au moment même où l’inflation atteint des niveaux record, les montants des indemnités chômage ont drastiquement chuté et le nombre d’indemnisées et d’indemnisés a baissé de -22%”, indique le syndicat dans un communiqué publié dans le cadre de ces occupations “menées des deux côtés du guichet”, en lien avec des équipes des agences concernées. “Dans sa guerre contre les chômeurs, le gouvernement n’a aucune limite, comme le dénombre d’une part la baisse de la durée d’indemnisation pour celles et ceux qui ouvriront des droits après le 1er février, et d’autre part la mise en place de France Travail, qui va intensifier et généraliser le contrôle tout en poursuivant la casse des droits à l’accompagnement, à l’orientation, et à la formation par la privatisation des services publics de l’emploi et de la formation professionnelle”, estime la CGT.
“Une perte de 30 bureaux de réception individuelle” redoutée à Montreuil
Dans un second communiqué signé par la CGT, Sud, et plusieurs collectifs dont AC – Agir ensemble contre le chômage ! et le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), les occupants des lieux expliquent que “le choix de cette agence [de Montreuil] et le moment ne sont pas dus aux hasard”. En effet, “l’agence Pôle emploi de Montreuil va déménager en mars à la frontière de Vincennes et s’éloignera donc des quartiers populaires où résident les privés d’emploi qui ont le plus besoin de proximité. La nouvelle agence sera plus difficile d’accès pour les usagères et usagers de Montreuil et Bagnolet, et s’accompagnera d’une perte de 30 bureaux de réception individuelle”, regrettent les occupants temporaires des lieux.
“Ce déménagement illustre la politique du tout-internet” en relation avec “la personnalisation de l’accompagnement, et plus récemment des activités liées à l’indemnisation, à laquelle nos organisations s’opposent farouchement ! Cela dégradera aussi les conditions de travail du personnel de Pôle emploi, déjà en sous-effectif”, préviennent les organisations syndicales et collectifs ayant uni leurs forces dans le cadre de cette action. Ces derniers appellent à “l’arrêt du projet de déménagement de l’agence de Montreuil, et à l’ouverture de concertations avec les premières et premiers concernés”. Les occupants du site dionysien ont été évacués en début d’après-midi suite à une intervention des forces de police.
Plus de 58 000 personnes radiées des listes de Pôle emploi le mois dernier, un record
Plus largement, la CGT demande aujourd’hui l’annulation des réformes de l’assurance chômage et “l’ouverture de négociations non faussées avec comme ordre du jour la mise en place d’une allocation minimale pour tous les privés d’emploi, la revalorisation allocations chômage de 15 euros par jour, et l’indexation des salaires sur l’inflation avec rattrapage des pertes accumulées ces dernières années”. Le syndicat appelle également à “l’octroi de moyens humains et financiers suffisant à un accompagnement dans un projet professionnel choisi et l’exercice de l’ensemble des activités liées à l’indemnisation”, mais aussi à “l’arrêt des politiques de contrôle des privés d’emploi et précaires qui ne servent qu’à entretenir un climat de suspicion”.
Le sujet est plus que jamais d’actualité : d’après un article publié ce jeudi 29 décembre par Mediapart, “plus de 58 000 personnes ont été radiées de la liste des inscrits à Pôle emploi en novembre 2022. Un chiffre jamais atteint depuis que les statistiques du chômage existent. Sur un mois, la hausse est de 19 %”. Contacté par les équipes du journal, Pôle emploi assure n’avoir “aucune explication particulière” à fournir concernant cette augmentation sans précédent des radiations, qui prive des dizaines de milliers de personnes de leurs allocations chômage dans un contexte économique particulièrement incertain.
Photographie d’illustration : Agence Pôle Emploi de Montreuil, en Seine-Saint-Denis.
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