Le jardin Toussaint Louverture inauguré dans le quartier des Amandiers (20ème arrondissement)

En cette journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage, et de leurs abolitions, un espace vert parisien a été renommé en hommage au révolutionnaire et général François-Dominique Toussaint Louverture, figure de l’émancipation et de l’indépendance haïtienne.

Il y a aujourd’hui vingt ans, le 10 mai 2001, le parlement adoptait la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, dite loi Taubira, du nom de sa rapporteuse à l’Assemblée nationale. Depuis 2006, c’est également à cette date que la France commémore les crimes de la traite humaine et les victimes du système esclavagiste. “La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du XVème siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité” : ainsi débute, dans son article 1er, ce texte fondateur.

Ce lundi matin, c’est un héros de la lutte pour l’émancipation des peuples que la ville de Paris célèbre au coeur du quartier des Amandiers, dans le 20ème arrondissement. “Général et homme politique franco-haïtien, François-Dominique Toussaint Louverture était à la tête des armées de Saint-Domingue. Il a joué un rôle historique de premier plan en tant que chef de la révolution haïtienne. Sa lutte contre le rétablissement de l’esclavage en Haïti lui vaut d’être incarcéré en 1802. Grande figure abolitionniste et émancipatrice, son combat universel mène à l’indépendance de l’île en 1804, faisant de celle-ci la première République au monde issue d’une révolte d’esclaves”, rappelle la municipalité.

Après une inauguration en présence de la maire de Paris ce lundi matin, le parc situé au coeur du quartier porte désormais le nom de ce héros de l’indépendance haïtienne, né en 1743 et mort en 1803 pour avoir défendu l’égalité et la justice. Également connu sous le nom de square des Amandiers, cet espace arboré à la conception moderne, construit en 1967, est situé à deux pas du conservatoire du 20ème arrondissement. La décision de rebaptiser ce lieu avait été votée au conseil de Paris le mois dernier après l’adoption d’un texte similaire en conseil d’arrondissement.

En novembre 2020, la mairie de Paris avait inauguré dans le 17ème arrondissement le jardin Solitude, femme guadeloupéenne condamnée à mort pour avoir elle aussi combattu le rétablissement de l’esclavage par Napoléon en 1802. Un monument devrait bientôt être érigé sur place suite à un appel à projet artistique. D’après la ville, qui souhaite “rendre hommage à cette figure héroïque défendant les valeurs de la République”, il s’agira de “la première statue d’une femme noire dans Paris”.

Des efforts considérables ont été réalisés ces dernières années afin de rééquilibrer et diversifier les dénominations des voies de la capitale. Selon la municipalité, le nombre de rues portant le nom de femmes est ainsi passé de 6% en 2014 à 12% en 2019. En contrepartie, bien des voies rappellent encore les patronymes d’obscurs propriétaires, si ce n’est, dans le pire des cas, des hommes de guerre aux titres ronflants ou d’autres “victoires” bien peu glorieuses. Exemple tout proche : de l’autre côté de la rue de Ménilmontant, non loin du nouveau jardin Toussaint Louverture, la rue de Pali-Kao fait toujours écho aux atrocités commises par les puissances impériales européennes au cours des honteuses guerres de l’opium. Dans ce cas comme dans tant d’autres, on ne devrait pas avoir trop de mal à trouver mieux.

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Jardin Toussaint Louverture
Rue des Cendriers / Rue Duris / Rue des Amandiers, 75020 Paris

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Photographie © Paris Lights Up

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