La compagnie Les Neptuniens présente “Andromaque” au théâtre Clavel (19e arrondissement)

Sur les hauteurs de Belleville, les huit comédiennes et comédiens de la compagnie théâtrale Les Neptuniens reprennent la célèbre tragédie de Jean Racine jusqu’au 19 décembre.

« Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort » : cette chaîne d’amours non réciproques et de passions contradictoires vient souvent résumer ce chef-d’œuvre de Racine, interprété pour la première fois en 1667. Suivant une mise en scène d’Alice Garrez, également présente sur scène dans le rôle d’Hermione, la jeune compagnie basée dans le 20e arrondissement nous invite à suivre les intrigues qui se jouent dans le palais du roi Pyrrhus (Guillaume Millet), rentré en Épire après la victoire des Hellènes face aux Troyens.

Un an après sa sanglante conclusion, la guerre de Troie hante profondément les mémoires de tous les protagonistes de la tragédie. Après s’être distingué par sa brutalité à l’issue des batailles narrées dans l’Iliade, le maître des lieux est déchiré par ses élans à sens unique pour sa captive Andromaque (Marie Valentin), veuve du héros Hector envers qui elle se montre éternellement fidèle. Le roi est pourtant promis à une autre, Hermione, fille du souverain spartiate Ménélas et de la sublime Hélène, dont l’enlèvement déclencha les hostilités homériques.

Andromaque, un « chant des conflits de l’âme humaine »

L’arrivée d’Oreste (Thierry Lemoine), ambassadeur des Grecs venu réclamer à Pyrrhus de livrer le fils d’Andromaque également captif en Épire, déclenche rapidement une réaction en chaîne aussi déchirante que mortelle, retracée à travers les alexandrins virtuoses de Racine. « J’aime “Andromaque” et j’ai voulu la mettre en scène car par la splendeur de son langage et la justesse de ses enjeux, elle est le chant des conflits de l’âme humaine, elle déploie leur démesure, leur extravagance, leur subjectivité. Bien avant la psychanalyse, elle met à jour les ressorts profonds de ce qui fait agir les êtres humains », explique Alice Garrez, qui monta pour la première fois la pièce en 2016 au théâtre de Ménilmontant (20e arrondissement).

Pour l’interprète d’Hermione, qui par ses exaltations passionnelles s’ancre au cœur de la pièce et de ses renversements, la tragédie de Racine « nous légitime dans nos désarrois et nos détresses antagonistes, victimes de nos sentiments et de nos égocentrismes, prisonniers de nos conditions… Elle défend chacun des personnages dans ses quêtes, dans ses efforts à les poursuivre, sans que jamais il n’y parvienne ou presque. Et nous nous découvrons semblables à eux… » Alice Garrez estime ainsi que « ces archétypes nous permettent de nous voir tels que nous sommes, de reconnaître nos faiblesses, nos souffrances, notre violence et finalement de nous voir d’un œil plus compassionnel mais aussi plus lucide. Nous pouvons ainsi nous situer à notre juste place. Peut-être même nous aimer davantage, créatures étranges, dangereuses et pitoyables mais tout de même un peu sublimes au milieu de l’univers ».

Une pièce à (re)découvrir jusqu’au 19 décembre

Le quatuor principal de la pièce est porté par deux couples impossibles. D’un côté l’émouvante Marie Valentin et l’énergique Guillaume Millet, qui incarnent une Andromaque plongée dans le désespoir, ne vivant plus que pour hier, et un Pyrrhus féroce, à la présence indéniable, dans une belle complémentarité. Leurs hésitations sont interrompues par les manigances amoureuses d’Hermione, dont la cruelle intelligence se reflète à travers le jeu électrique d’Alice Garrez, marionnettiste tirant les fils invisibles d’un Oreste conduit à la folie, « enlevé dans l’éternelle nuit » sous les traits de Thierry Lemoine.

Dans une mise en scène sobre et sombre illustrant l’atmosphère de plus en plus dramatique du palais de Pyrrhus, les récits de leurs destins sont complétés par les interprétations efficaces de leurs suivants et confidentes : Juliette Bridier dans le rôle de Céphise, Simonne Jadin dans celui de Cléonne, Julien Durosier en Phœnix, et Xavier Kutalian en Pylade. Leur Andromaque est encore à découvrir mardi 12 et mardi 19 décembre au théâtre Clavel, à deux pas de la station de métro Pyrénées et du parc des Buttes-Chaumont.

 

Andromaque par la compagnie Les Neptuniens
Jusqu’au 19 décembre 2023 – Mardi : 19h – Durée : 2h
20€/15€/14€/8€
Réservations en ligne

 

 

Théâtre Clavel
3 rue Clavel, 75019 Paris
www.theatre-clavel.com

 

 

Photographies (recadrées) © Pascal MorsagneCompagnie Les Neptuniens

 

 

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