La Maison nationale de l’autisme ouvrira ses portes en avril 2023 à Aubervilliers

Les départements franciliens ont voté cette semaine une subvention d’un million d’euros pour soutenir la nouvelle structure, qui prendra bientôt ses quartiers sur le campus Condorcet à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

Après deux reports et trois années d’attente, l’inauguration de cette adresse dédiée “aux personnes autistes, à leurs familles, et aux proches aidants” devrait finalement avoir lieu en avril 2023. Sur une surface de près de 1 500 mètres carrés, dans un bâtiment flambant neuf situé à proximité de la station de métro de la ligne 12 Front Populaire, la Maison de l’autisme accueillera dans un premier temps les équipes du Groupement National des Centres Ressources Autisme (GNCRA), du Centre de ressources autisme d’Île-de-France (CRAIF), et d’Autisme Info Service. Une trentaine de personnes devraient ainsi y travailler dès son lancement.

Le conseil d’administration du Fonds de solidarité et d’investissement interdépartemental (FS2i), qui regroupe depuis 2019 les départements de l’Essonne, des Hauts-de-Seine, de Seine-et-Marne, de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne, du Val d’Oise, et des Yvelines, vient de voter à l’unanimité “l’attribution d’un million d’euros en soutien à la création” de cette Maison, “projet national” et “véritable lieu de ressources sur l’autisme qui aura pour mission d’accueillir, d’informer et d’accompagner les personnes atteintes d’autisme et leurs familles en Île-de-France”.

“Une collaboration régulière et durable avec les Maisons Départementales des Personnes Handicapées”

Cette subvention viendra compléter les dotations de l’État, aujourd’hui chiffrées à 1,7 millions d’euros. La Maison nationale de l’autisme “centralisera l’ensemble des parties prenantes et fédérera les associations”, promettent les sept départements franciliens engagés pour sa création. “Une collaboration régulière et durable avec les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) d’Île-de-France est d’ores-et-déjà prévue”, poursuivent leurs présidentes et présidents dans un communiqué commun, rappelant que “les départements, via les MDPH, sont les premiers interlocuteurs des personnes en situation de handicap et de leurs aidants et aidantes”.

“Ils sont à ce titre confrontés au manque criant de solutions pérennes ou suffisamment bien dimensionnées pour apporter un véritable soulagement aux personnes, à leurs familles, et aux structures qui les accueillent, ni pensées avec un vrai souci de continuité, en particulier s’agissant de l’autisme”, poursuivent les représentants des sept collectivités. La structure proposera une bibliothèque “physique et numérique”, “un annuaire des acteurs identifiés par zone géographique, par type d’activité et de public”, et accueillera des formations de professionnels, des ateliers de sensibilisation, et des rencontres ouvertes aux aidants comme au grand public.

Une structure ouverte à “toutes les associations qui souhaiteront y participer”

En plus des trois premières organisations qui l’animeront, la Maison de l’autisme s’ouvrira progressivement à “toutes les associations qui souhaiteront y participer”, assurent les services de l’État. En complément de ses espaces dédiés à l’accueil et à l’orientation des personnes autistes et de leurs proches, le site accueillera également un café, “espace convivial avec une programmation et des ressources à disposition” qui sera, selon le ministère des Solidarités, “modulable et adapté aux personnes autistes”. Le lieu proposera par ailleurs une salle de conférences, plusieurs salles de formations, une salle accueillant les associations, et “un studio d’enregistrement de tutoriels et de podcasts permettant de développer des contenus numériques”.

La nouvelle adresse “ne dispensera ni diagnostic ni accompagnement des personnes dans leur parcours de vie. Elle ne remplacera pas les coordonnateurs de parcours mais orientera vers eux le cas échéant. Elle ne proposera ni hébergement ni soins sanitaires”, préviennent cependant les administrations concernées. “La Maison de l’autisme n’a pas vocation à résumer la stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neuro-développement. Elle en sera une brique supplémentaire, au service des personnes et de leur entourage.”

2 500 enfants scolarisés en Seine-Saint-Denis sans AESH

La création de cette structure, au budget somme toute modeste compte tenu des enjeux, peine à occulter le manque de moyens criant auquel sont confrontés les personnes autistes, leurs proches, et les aidants. Le président (PS) du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, estime ainsi à près de 2 500 le nombre d’enfants dyonisiens actuellement sans AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap). Des professionnels qui, comme nombre de travailleuses et de travailleurs du secteur, se mobilisent régulièrement contre le manque de personnels et leurs trop basses rémunérations.

La Seine Saint-Denis déplore également à elle seule “2 000 enfants orientés vers des Instituts médico-éducatifs (IME) qui ne trouvent en fait pas de places, ou encore un manque de 4 700 places en SESSAD, des dispositifs mixtes permettant souvent l’inclusion d’un enfant handicapé en ‘milieu ordinaire'”. Pour Julien Rondet et Benjamin Verger, deux coordinateurs au CRAIF cités par le magazine du département en décembre dernier, cette nouvelle Maison “n’est pas la panacée, il faut que les moyens suivent”. Les trois premiers acteurs accueillis par la structure se donnent aujourd’hui pour objectif de former à l’accueil des personnes autistes “non seulement les professionnels du secteur médico-social, mais un cercle plus large”, comme chez les commerçants ou dans les entreprises.

 

 

 

Maison nationale de l’autisme
10 rue Waldeck Rochet, 93300 Aubervilliers

 

 

Illustration : Photographie / Vue d’artiste
© Maison nationale de l’autisme

 

 

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