Pièce écrite par Georg Büchner en 1835, La Mort de Danton fait son entrée au répertoire de la Comédie-Française. Ce drame en quatre actes mis en scène par Simon Delétang prend place dans les troubles de la période révolutionnaire française, en pleine Terreur.
Danton et Robespierre : alliés devenus ennemis
On retrouve Loïc Corbery dans le rôle d’un Danton dandy, séduisant et séducteur, qui fait face à un Robespierre rigide, interprété par Clément Hervieu-Léger, seul personnage affublé d’une perruque, frisant ainsi un certain ridicule. Ils nous livrent une magnifique performance scénique, s’attachant à rendre les enjeux de la période et les hésitations qui traversent ces géants politiques, tantôt héros, tantôt bourreaux, emportés par les remous de l’histoire.
Une vision romantique de Danton
Ces personnalités nous sont offertes sous un jour très humain. Dans les premiers temps de la pièce, on découvre un Danton plus occupé à profiter de la vie et des femmes qu’absorbé par les débats politiques, qui l’ont usé et désillusionné. De scène en scène, la tragédie prend place sur fond de menaces grandissantes, culminant avec la condamnation à mort du personnage par Robespierre. On assiste aux douleurs, doutes, et oscillations d’un homme destiné à la guillotine, à ses questionnements à hauteur d’homme : la révolution justifie-t-elle le sang versé ? Quel est le sens de la vie ?
C’est d’ailleurs ce parti pris de l’auteur qui semble avoir séduit Simon Delétang : “Büchner, s’il part d’un matériau historique (et il s’était extrêmement bien documenté !), fait rapidement œuvre d’écrivain en livrant une pièce lyrique sur la destinée humaine”, estime ainsi le metteur en scène.
Immersion dans le XVIIIe siècle
Simon Delétang a opté pour une mise en scène classique afin de nous replonger dans cette grande rivalité historique. On a particulièrement apprécié les costumes de Marie-Frédérique Fillion, qui contribuent grandement à la réussite de cette remontée dans le temps. Le décor prolonge l’immersion, dans cet intérieur où un jeu de mobilier permet de faire évoluer les lieux : une chambre, le Club des Jacobins, une ruelle, le Comité de salut public, la Convention, une prison, ou encore la place de la Concorde.
En grande partie de nuit, la pièce est jouée à la lumière des bougies, de moins en moins nombreuses, reflétant la gravité et la lourdeur de l’atmosphère. De beaux jeux d’ombres nous rappellent que ce qui se joue continue de nous agiter aujourd’hui, ancrant l’action dans un passé aux enjeux toujours actuels.
La Mort de Danton de Georg Büchner
Mise en scène de Simon Delétang
Jusqu’au 4 juin 2023
Comédie-Française
Salle Richelieu – 1 place Colette, 75001 Paris
www.comedie-francaise.fr
Photographie d’illustration (recadrée) : La Mort de Danton, Salle Richelieu
© Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française