Madeleine Riffaud aux Buttes-Chaumont, symbole d’une jeunesse en résistance

Le 23 août 1944, durant la Libération de Paris, la résistante Madeleine Riffaud conduit une attaque victorieuse contre un train allemand aux environs du tunnel des Buttes-Chaumont. Ce jour est également celui de son vingtième anniversaire.

Un mois plus tôt, la jeune résistante avait été capturée par l’occupant après avoir abattu un officier nazi sur le pont de Solférino. Torturée par la Gestapo puis condamnée à mort, elle est finalement libérée in extremis le 18 août dans le cadre d’un échange de prisonniers.

Madeleine Riffaud retrouve sans tarder les rangs de la Résistance parisienne. Élevée au rang d’aspirant-lieutenant des Forces Françaises de l’Intérieur, elle reçoit le commandement d’un petit détachement pour participer à l’attaque d’un convoi ennemi. Ce dernier s’apprête à traverser les XXème et XIXème arrondissement alors que la Libération de la capitale s’intensifie.

Au cours de la journée du 23 août, les résistants français parviendront à immobiliser trois trains sur les voies de la Petite ceinture. L’un d’eux est bloqué peu après le tunnel des Buttes-Chaumont, qui relie la gare de Ménilmontant et la gare de Belleville-Villette. C’est depuis le pont qui surplombe cette dernière, au niveau de la rue Manin, qu’intervient le groupe mené par Madeleine Riffaud.

D’après son témoignage, l’escouade des FFI-FTPF prend l’ennemi par surprise avant de déverser un déluge de munitions et de grenades sur le convoi. La locomotive endommagée, les soldats nazis n’ont d’autre choix que de battre en retraite sous le tunnel des Buttes-Chaumont — alors désigné sous le nom de tunnel de Belleville.

De l’autre côté, un groupe de résistants du XXème arrondissement parviendra quant à lui à stopper deux autres trains, contribuant là encore à repousser les occupants vers la fausse sécurité du tunnel. Cinq insurgés perdront la vie dans ces combats : une plaque leur rend hommage rue de Ménilmontant, juste au-dessus des voies.

L’attaque des convois se conclut sur la reddition des soldats ennemis. Les témoignages s’accordent sur les conditions de la fin de ces affrontements : acculés dans le tunnel et enfumés par l’arsenal et les explosifs adverses (Madeleine Riffaud évoque même l’utilisation de feux d’artifice !), plusieurs dizaines d’occupants finissent par se rendre. Cette épisode restera comme l’un des faits d’armes les plus marquants de la Résistance dans la capitale.

Madeleine Riffaud participera aux derniers combats de la Libération de Paris. Elle n’aura malheureusement pas l’occasion de fêter sa délivrance le 25 août : le jour même, son ami résistant Michel Tagrine est lâchement tué sous ses yeux par un soldat nazi. Il portait secours à un blessé aux abords de la caserne de République, sur laquelle était pourtant hissé le drapeau blanc, alors que la trêve venait d’être annoncée. Une rue de la Butte Bergeyre (XIXème arrondissement) a pris le nom de ce jeune violoniste, qui fut l’une des dernières victimes de l’occupation à Paris.

Après la Libération, Madeleine Riffaud poursuivra ses combats en tant que journaliste pour Ce Soir, Vie ouvrière, puis à l’Humanité. Grande reporter pour ce dernier, elle couvrira dans ses colonnes les guerres d’indépendance au Vietnam et en Algérie. Anticolonialiste convaincue, elle est blessée en 1956 par un attentat de l’OAS qui n’entamera en rien son engagement.

Également poète, Madeleine Riffaud témoigne à partir de 1994 de ses expériences dans la Résistance, dans la lignée de Lucie et Raymond Aubrac. On la retrouve ainsi dans les salles de classe parisiennes, ou récemment dans des reportages télévisés sur la Libération. C’est aujourd’hui le 96ème anniversaire de cette femme libre restée parisienne : elle réside en effet dans le Marais.

En 2016, une fresque de l’artiste Artof Popof commémorant l’attaque du convoi du 23 août 1944 était inaugurée aux Buttes-Chaumont. Au dessus du violon de Michel Tagrine, on y devine encore le visage de la jeune résistante, peint au-dessus des rails où elle et ses compagnons s’illustrèrent ce jour-là.

 

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